Frigidité ou immaturité?

Je n’ai jamais vraiment ressenti de plaisir sexuel, à part une excitation de courte durée. Je ne pense pas avoir eu un seul orgasme en 7 ans de vie sexuelle. Le mieux que j’obtienne est que cela marche physiquement sans que j’aie trop mal... J’en viens à me demander si je suis frigide ou asexuée?

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Je rencontre souvent cette situation chez des jeunes femmes qui ont commencé à avoir des relations sexuelles complètes très tôt. Vous aviez 16 ans lors de votre premier rapport: en aviez-vous vraiment envie? Vous sentiez-vous prête à ça? N’avez-vous pas plutôt cédé à l’insistance ou au chantage de votre partenaire, ou encore à l’envie d’être populaire et «d’avoir l’air d’une grande»? Vous me précisez « être incapable de vous donner du plaisir toute seule et que cela ne vous tente pas du tout ». N’avez-vous jamais de fantasmes, de rêves ou de pulsions érotiques? Où est passée votre libido d’adolescente? Il serait utile de vous demander pourquoi vous pratiquez une telle auto-censure de votre sexualité.

Car, sans désir ni excitation, vous avez en effet peu de chance de parvenir à la jouissance! Et si vous vous forcez chaque fois, poussée par la culpabilité et le souci de ne pas trop frustrer votre ami, c’est bien logique que cela vous fasse plus de mal que de bien. L’ennui, c’est qu’avec le temps et la frustration, la situation ne fait qu’empirer. Vous ne ressentez plus aucune attirance pour votre homme et redoutez toute situation de rapprochement physique, qui vous rend malade d’angoisse. Je comprends que, dans ce contexte, vous puissiez vous penser frigide ou asexuée. Et que vous craigniez d’avouer à votre ami combien la situation est difficile à vivre, car l’amour se passe pour vous dans la douleur et non dans le plaisir.

La meilleure chose que vous puissiez faire est pourtant de lui en parler. Car si vous n’êtes pas tentée par l’auto-exploration, il va falloir qu’il vous aide à découvrir votre corps et ses zones érogènes. Il faut repartir à zéro, commencer par flirter tout habillée, essayer de réveiller votre désir. Vous avez brûlé les étapes, pour faire plaisir à l’autre ou parce que vous étiez très amoureuse, et vous vous êtes dégoûtée du sexe, qui est devenu une corvée douloureuse. C’est quand même dommage à 23 ans de ne vivre sa sexualité que par contrainte et sans aucun plaisir.

Pour une réponse personnelle, écrivez à: Dr Juliette Buffat, GHI,CP 167, 1211 Genève 4.Joindre une grande enveloppe(18x25 cm) timbrée. Les lettresne sont pas ouvertes par la rédaction. Ou envoyez vos questions par e-mail à l’adresse: cherejuliette@ghi.ch