Gros mots à l’école

  • Dr Juliette Buffat, médecin-psychiatre et psychothérapeute FMH, spécialisée  en sexologie et en thérapie de couple depuis 25 ans, partage son expérience de sexologue et répond à toutes vos questions.

    Dr Juliette Buffat, médecin-psychiatre et psychothérapeute FMH, spécialisée en sexologie et en thérapie de couple depuis 25 ans, partage son expérience de sexologue et répond à toutes vos questions.

Ma petite-fille de 8 ans a dit tout fort en classe «enculé» que son petit voisin lui disait tout bas à l’oreille. Comme punition, elle a dû écrire 20 fois: «Je ne dois pas dire le mot enculé, cela signifie coït anal, verbe transitif, sodomiser». Nous en avons été fort choqués et scandalisés!

Votre petite-fille a beau être une excellente élève à l’école primaire et se comporter d’ordinaire de manière irréprochable, il n’empêche qu’elle est capable de répéter à haute et intelligible voix en classe un vilain mot à forte connotation sexuelle que d’autres enfants lui ont soufflé. Elle ignorait certainement la signification de cette insulte, qui est malheureusement trop souvent utilisée par des petits enfants, se comportant de manière de plus en plus irrespectueuse les uns envers les autres. Il en va de même d’autres gros mots inspirés du vocabulaire imagé de la sexualité humaine, comme «putain… gouine… pédé… travelo…» qui sont devenus des jurons très populaires et trop utilisés de nos jours.

Je comprends et soutiens l’attitude de cette maîtresse d’école primaire qui tente, à sa manière, de lutter contre l’usage de ces gros mots à forte connotation sexuelle. Car le meilleur moyen d’empêcher ses élèves d’utiliser à tort et à travers ces vilains termes pour s’insulter est de leur en apprendre la signification précise, qu’ils ignorent pour la majorité d’entre eux. J’espère que votre petite-fille ne l’utilisera plus à mauvais escient après avoir exécuté cette punition.

Mais j’imagine bien l’embarras de sa mère à devoir répondre à son innocente question: «C’est quoi un coït anal?». Et la réaction de l’entourage familial choqué par cette punition donnée sans aucune explication par une jeune remplaçante probablement novice et dépassée (et peut-être fatiguée d’être harcelée par les demandes insistantes et répétées de sodomie venant de son petit copain imprégné d’images de pénétrations anales qui font le succès des films X?). Alors qu’il aurait fallu profiter de ces circonstances pour faire preuve de pédagogie et donner un cours d’anatomie du périnée à ces enfants. Et de leur répéter que leur corps leur appartient et qu’ils ont le droit de refuser d’être touchés dans des zones de leur corps si intimes, ce qui fait partie des bases de l’éducation sexuelle à cet âge.

Pour une réponse personnelle, écrivez à: Dr Juliette Buffat, GHI, CP 167, 1211 Genève 4. Joindre une grande enveloppe (18x25 cm) timbrée. Les lettres ne sont pas ouvertes par la rédaction. Ou envoyez vos questions par e-mail à l’adresse: cherejuliette@ghi.ch