Relations incestueuses

Enfant, j’ai été abusé pendant des années par mon frère aîné. Cela a beaucoup perturbé ma sexualité aux différentes étapes de ma vie. A presque 50 ans, j’aimerais pouvoir régler cela une bonne fois pour toutes!

On parle plus des abus sexuels commis dans l’intimité des familles entre adultes et enfants, mais le sujet des relations incestueuses entre enfants reste encore fortement tabou. De manière générale, les enfants abusés ont beaucoup de peine à révéler ce qui leur arrive, les sentiments de honte et de culpabilité prédominant dans cette situation. Ils manifestent leur souffrance plutôt par des troubles physiques récurrents comme des maux de ventre, ou des troubles du sommeil et de l’attention qui mettent leur scolarité en danger.

Ces initiations sexuelles trop précoces pratiquées par un aîné sur un cadet (ou une cadette) bouleversent profondément le développement psychosexuel de l’enfant abusé. La découverte prématurée de la sexualité, à un âge où le corps n’est pas prêt à ça, fait brutalement irruption dans le monde onirique de l’enfant en lui imposant des comportements d’adultes, qui sont au départ incompréhensibles. L’inconfort et le sentiment d’être utilisé comme «un objet sexuel» résonne malheureusement encore à l’âge adulte et rend difficile l’épanouissement sexuel ultérieur.

Dans votre cas, les abus commis avaient en plus un caractère homosexuel, ce qui a eu des répercussions sur votre orientation sexuelle ou votre identité de genre. J’ai vu plusieurs personnes perturbées par de tels actes, qui s’interrogeaient sur leurs préférences, se sentant très confus et ambivalents à ce sujet. En parler avec un spécialiste permet d’y voir plus clair, de déposer son lourd fardeau quelque part, et de trouver une oreille attentive et compatissante (alors que c’est quelque chose de très difficile à entendre pour l’entourage proche).

Si vous souhaitez régler ce problème aujourd’hui et vous en libérer, je vous suggère de confronter votre frère à ce sujet. Si vous n’y parvenez pas par oral, vous pouvez commencer par écrit. La première étape serait qu’il reconnaisse ses torts envers vous. La seconde qu’il s’en excuse et vous demande enfin pardon pour tout le mal qu’il vous a fait.

Pour une réponse personnelle, écrivez à: Dr Juliette Buffat, GHI, CP 167, 1211 Genève 4. Joindre une grande enveloppe (18x25 cm) timbrée. Les lettres ne sont pas ouvertes par la rédaction. Ou envoyez vos questions par e-mail à l’adresse: cherejuliette@ghi.ch