ALLO, J’ÉCOUTE!

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En 2013, la Brigade financière de la police a procédé à des écoutes de conversations entre des prévenus et leurs avocats. C’est certes romanesque, rafraîchissant, excitant comme un scénario de polar. Mais ça ne se fait pas. Conserver et retranscrire ces discussions marquées du sceau de la confidentialité est contraire à la loi. La Brigade a-t-elle agi de son plein gré, ou sur ordre du Ministère public? C’est l’affaire qui agite Genève depuis le 7 novembre. On n’a pas fini d’en parler.

Il ne s’agit pas d’un simple contentieux entre les avocats concernés, légitimement furieux, et le Parquet. Ces deux mondes-là, par la nature même de leurs missions, sont faits pour se combattre, non pour s’aimer. Non, l’affaire, très vite, a dépassé ce stade pour poser des questions institutionnelles. Le rôle du procureur et de ses services. Les rapports de ce petit monde avec la police. Les attributions du procureur général. A la fois accusateur public numéro 1, et incarnation du pouvoir judiciaire, aux yeux du public, dans son ensemble. Un personnage statutairement incontournable à Genève, au-delà du titulaire de la fonction.

Oui, l’affaire est d’ordre institutionnel. Les citoyennes et citoyens sont en droit d’attendre une investigation rigoureuse du premier pouvoir de ce Canton, le Grand Conseil. Soit via sa Commission de contrôle de gestion, soit en nommant un procureur extérieur (d’un autre canton) pour faire la lumière. L’affaire est publique, d’intérêt général. Elle n’est plus une bisbille entre gens de robe. Non, elle touche à notre République. Et à son fonctionnement.