Barbichette!

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Vingt-deux caisses, contenant quelque 7000 bulletins de vote, sont donc restées sur le trottoir, devant l’entrée du Service des votations, au 25 rue des Acacias. Trois jours complets, le temps d’un week-end de Pentecôte où l’Esprit, sans doute occupé ailleurs, n’avait pas pris le temps de s’attarder sur la Ville de Calvin.

Trois jours à gésir là, sur le bitume, comme de vulgaires sacs-poubelles en attente de la levée. Sept mille fois l’acte suprême des citoyennes et citoyens de ce canton, ce vote souverain par lequel le peuple décide.

On a cherché un coupable, on a immédiatement trouvé le facteur. Il a commis, c’est vrai, une bourde monumentale. Dès lors, mille voix vociférantes se lèvent, conspuent le géant jaune, exigent des têtes à Berne.

Soit. Mais désolé, c’est un peu court. Le responsable, à Genève, du bon fonctionnement des votes, c’est le Conseil d’Etat. De lui, via la Chancellerie, dépend le Service des votations. De partout, on s’empresse à le défendre, on jure qu’il n’y est pour rien. Et cette hâte à l’exonérer a le parfum d’une barbichette.

Il y aurait tant à dire, pourtant, sur tant d’impéritie. Les frasques de la Poste, on les anticipe. On détermine avec elle un formel de la précision la plus pointue, en cas de porte fermée. On s’assure, pendant la longue Pentecôte, que tout est en ordre, au pire on vient guigner. Alors, tomber sur le facteur, oui, il a foiré. Mais ne rien dire sur l’Etat, pas d’accord. D’autant que le service en question n’en est pas à son premier dysfonctionnement.