Bateaux mal entretenus: «Certains finissent par couler»

POLLUTION • Des propriétaires laissent parfois pourrir leurs embarcations dans les ports. Une entreprise genevoise lance un projet de gardiennage et d’entretien à l’année pour tenter de faire bouger les choses. L’Etat, lui, rappelle le règlement.

  • Certains bateaux, ici près de Baby-Plage, font tâche au beau milieu des ports genevois. TR

    Certains bateaux, ici près de Baby-Plage, font tache au beau milieu des ports genevois. TR

Amarrée aux Eaux-Vives, une petite bicoque vétuste et recouverte de crasse prend l’eau. Le nuage de sable du Sahara est certes passé par là et a laissé une pellicule bien visible. Mais, le problème est plus profond. «Le propriétaire de cette épave est à l’étranger. C’est moche, personne ne s’en occupe. Il va finir par couler», assure Will, propriétaire d’un coquet voilier juste à côté. Il ne faut pas chercher longtemps pour trouver d’autres bateaux dans un piteux état. Bâches déchirées, peinture qui tombe, bois en train de moisir: dans les différents ports genevois, certains propriétaires semblent confondre le lac avec une décharge publique.

Service de gardiennage

«Parfois, les coques sont tellement pourries que les bateaux sombrent», confirme un autre amoureux du lac, Godefroy Besnier. Ce dernier vient de lancer avec un ami – Nicolas Werner – une entreprise d’entretien des bateaux à l’année, baptisée Nautica Service. Leur solution: proposer aux propriétaires un service de gardiennage. Avec son associé, le jeune entrepreneur s’engage à effectuer une vérification des différents éléments du bateau chaque semaine et à assurer un bon entretien.

Une idée qui a germé dans l’esprit de ces deux sauveteurs bénévoles à Hermance lors de multiples interventions. «Nous sommes souvent appelés pour des gens qui n’entretiennent pas leur moteur. Résultat: il se coupe au beau milieu du lac et nous devons ramener les navigateurs en rade jusqu’à la rive», explique Nicolas Werner. Les contrôles hebdomadaires effectués par l’entreprise permettent «d’éviter d’avoir une mauvaise surprise lorsqu’on prend le large après une longue période d’inactivité, comme c’est le cas en cette saison», détaille le sauveteur.

Eviter les cabines squattées

Autre bénéfice: empêcher que des épaves ne polluent l’eau du lac. «Une vitre cassée ou une bâche déchirée, c’est très vite arrivé. Si personne n’intervient, ça termine au fond de l’eau. Nous avons été étonnés de voir qu’il n’existait aucune possibilité d’entretien pour Monsieur et Madame Tout-le-monde», confie Godefroy Besnier.

Pour l’Association des propriétaires de bateau (APB), la création de ce nouveau service est une bonne chose. «Mais, ce n’est ni la première, ni la seule à proposer ce type d’entretien», commente Giovanna Fanni, présidente de l’APB.

Expliquant que le problème des bateaux mal entretenus est ancien, son association s’implique: «Nous avons toujours signalé aux autorités compétentes le problème d’embarcations mal entretenues ou délaissées, avec le risque d’être squattées si elles sont équipées de cabines.» Et de rappeler que les propriétaires sont régulièrement rappelés à l’ordre par la capitainerie, la police de la navigation et l’Office cantonal de la navigation (lire l’encadré).

Optimiste, la présidente considère toutefois que la situation s’améliore. «Les conditions au nouveau Port Noir sont excellentes. Et tous les autres ports du canton, à tour de rôle, sont réorganisés», conclut Giovanna Fanni.

«Ne pas nuire au bon aspect des ports»

TR • Quelles sont les obligations légales des propriétaires d’embarcations en matière d’entretien? «Les bateaux dont le détenteur est au bénéfice d’une autorisation d’amarrage ou de dépôt sur le domaine public doivent être maintenus en propreté», énonce l’article 22 du Règlement d’application de la loi sur la navigation dans les eaux genevoises. Idem pour les bâches et autres moyens de protection, qui «doivent être tenus en bon état et ne pas nuire au bon aspect des ports».

Pour s’assurer du respect de ces règles, «des contrôles réguliers sont effectués par la police de la navigation et par la capitainerie cantonale», prévient le Département du territoire (DT). Et d’ajouter qu’en cas de défaut d’entretien ou de propreté, le service met le détenteur en demeure d’y remédier et lui impartit un délai pour s’exécuter.

«Si le travail n’est pas effectué, un rapport de contravention est établi et une deuxième mise en demeure est envoyée. Si la remise en état n’est toujours pas faite, la place peut être retirée», détaille-t-on au DT. A noter que dans les pires cas, un retrait du permis de navigation peut aussi être envisagé.