Il y a des photos marquantes. D’une simplicité inouïe, mais qui vous frappent, vous interpellent, vous ramènent au sens de nos actes de vie, quotidiens, mécaniques, normaux… Sur l’image, le trousseau de clefs de l’appartement d’un homme, réfugié dans notre pays. Son pays à lui est en guerre, son appartement n’est peut-être plus que ruines. Mais l’homme a toujours ses clefs sur lui, avec ce fol espoir de pouvoir retourner chez lui, dans son lieu de vie, dans son foyer… Aujourd’hui, lorsque je ferme ma porte, je pense à cet homme – à tous ces réfugiés – en mal de patrie, de cocon, d’habitat, d’intimité. Fermer à double tour son logis pour revenir quelques heures plus tard. Un acte anodin. Pour d’autres, pas. Le seul espoir qu’ont ces hommes et ces femmes, chassés de chez eux, c’est de pouvoir, à nouveau et définitivement, tourner la clef dans la porte de leur maison et retrouver leur vie. Peut-être…