Clic clac!

SANS-ABRIS • Un homme est mort de froid cet hiver, à Paris, en pleine rue, dans l’indifférence générale. Il avait un nom, venait d’un autre pays, était âgé, avait un problème de santé, comme la plupart des personnes sans-abri. Des dizaines de gens sont passées à côté de lui dans cette froide nuit de janvier, au mieux sans lui porter attention, plus probablement en étant dérangé par sa présence, avec sa misère trop visible au milieu du trottoir.

Il avait un nom, René Robert; venait d’un autre pays, la Suisse; était âgé de 85 ans; avait un problème de santé, une mauvaise chute l’empêchait de se relever. L’indifférence des Parisiens nous a choqués. Comment ce photographe suisse mondialement connu a-t-il pu mourir sans que personne ne lui porte secours? N’ont-ils pas vu la différence entre un SDF et notre René Robert? Non, ils n’ont pas vu.

Un homme couché par terre ressemble à tous les hommes couchés par terre, qu’ils soient à Paris ou à Genève. Etre à terre est une identité qui efface toutes les autres, être à terre est un pays qui efface tous les autres. Nous avons actuellement des dizaines de René Robert qui dorment dans la rue à Genève, faute de place dans nos structures d’hébergement.

La Ville de Genève finance à elle seule la majorité de ces dispositifs d’urgence à hauteur de 15 millions chaque année. L’Association des communes genevoises a accordé à peine un million à la Ville, tout en refusant d’inscrire dans la loi une clé de répartition financière juste et solidaire dans cette problématique commune (clic). Le Canton, lui, n’est pas pressé de mettre en œuvre sa loi sur l’aide aux personnes sans-abris (LAPSA) en reprenant à sa charge les personnes dont les nécessités sanitaires sont encore assurées par la Ville (clac).

Clic clac, René Robert vient de prendre sa dernière photo: indifférence.