Couac: la Poste égare 500 balles de 22 long rifle

Un tireur sportif n’a jamais reçu la boîte de cartouches qu’il a commandée par la Poste. Il dit craindre que ces balles ne se retrouvent entre de mauvaises mains. La Poste reconnaît une erreur… de communication.

  • Les cartouches de 22 long rifle sont très fragiles.DR

    Les cartouches de 22 long rifle sont très fragiles.DR

«Si on jette ces cartouches dans le feu, cela peut être très dangereux!»

David, tireur sportif lancéen

«Mais où sont passées les munitions que j’ai commandées? Comment la Poste a-t-elle pu perdre un chargement aussi dangereux?», s’emporte David*, habitant de Lancy et tireur sportif depuis de nombreuses années. La raison de sa colère: la perte d’un carton de 500 munitions de calibre 22 long rifle commandé sur Internet auprès d’une armurerie habituée à ce type d’envoi.

Pour cet amateur d’armes, c’est la Poste qui serait en cause. «Lorsque le colis est arrivé chez moi, le facteur a simplement posé les cartouches dans la boîte à lait de mon immeuble, qui dispose d’une allée à accès sans code. Lorsque je suis rentré le soir, le carton contenant les munitions n’y était pas», témoigne David.

Inquiet, le trentenaire s’empresse alors de contacter le géant jaune pour demander des explications. «On m’a d’abord répondu que le facteur avait fait une erreur et que ce genre de marchandises dangereuses aurait dû être remis en mains propres. Puis, la Poste a changé de version. Dans une deuxième réponse, elle m’informe que, dans ses conditions générales, il n’y a pas besoin de signature. Le facteur serait donc autorisé à déposer les munitions comme il l’a fait. Et ce ne serait donc pas de sa responsabilité. Quelle blague!», s’exclame-t-il.

D’autant que les balles commandées par David ont la particularité d’être fragiles. «Dès le moindre choc, ce type de calibre peut péter. Si ce sont des gamins qui les ont prises et qu’ils les jettent dans le feu, cela peut être très dangereux!»

Autre hypothèse avancée par le tireur sportif: le facteur aurait pu se tromper d’adresse et laisser le paquet dans une autre boîte aux lettres. «La poste se décharge en estimant qu’elle ne pouvait pas savoir ce que contenait le colis. Pourtant, le carton envoyé par l’armurerie est censé mentionner le fait que son contenu est dangereux», accuse le destinataire bredouille.

Conforme aux processus

De son côté, la Poste défend son employé. «Il n’a pas commis d’erreur. La distribution a eu lieu conformément aux processus en vigueur», répond Nathalie Dérobert Fellay, porte-parole. Aussi incroyable que cela puisse paraître, le règlement du géant jaune autorise bel et bien un facteur à laisser ce type de colis dans la boîte à lait.

«L’envoi de munitions par la poste est légal. Le colis doit toutefois, comme dans ce cas, être déclaré comme marchandises dangereuses en quantité limitée. En l’occurrence, l’envoi a été correctement déclaré par l’expéditeur», confirme Nathalie Dérobert Fellay. Mais cela ne veut pas dire pour autant qu’une signature est exigée du destinataire.

La porte-parole précise: «Pour un envoi avec mention marchandise dangereuse en quantité limitée, aucune condition spéciale ne s’applique en matière de distribution. La Poste ne connaît pas le contenu de l’envoi et est autorisée à distribuer ces envois dans la boîte à lait, conformément au processus habituel. Une fois la distribution effectuée, notre responsabilité prend fin, conformément à nos conditions générales.»

Mais, pourquoi ne pas avoir donné une réponse claire à David? «Malheureusement, la déclaration téléphonique de notre service clients, selon laquelle cet envoi aurait dû être distribué en mains propres ou via un avis n’était pas correcte. Nous regrettons cette erreur de communication et adressons nos excuses à votre lecteur», conclut la porte-parole.

Bien plus que l’erreur de communication, David relève à nouveau le danger de ce colis perdu et affirme qu’il se réserve le droit de déposer une plainte contre le postier pour mise en danger de la vie d’autrui.

*Prénom d’emprunt

Choix du mode de distribution

TR • La Poste rappelle encore que différents choix de modes de distribution s’offrent à l’expéditeur. «Notre client aurait pu par exemple choisir la prestation avec une «Signature» qui implique une livraison en mains propres, avec une signature du destinataire de l’envoi, précise Nathalie Dérobert Fellay. Dans ce cas de figure, le facteur n’aurait donc pas déposé le colis dans la boîte à lait, mais le lui aurait remis en mains propres. Il va de soi que nos collaborateurs aident volontiers les clientes et clients dans nos filiales à choisir le mode de transport adapté à l’envoi et à une mention/déclaration correcte de l’envoi.»