Dans les pas des dieux

Le Cilento est méconnu. Pionnière en matière de mobilité douce, la région décrit une Italie hors des sentiers battus.

  • La Costiera cilentana n’a rien à envier à la célébrissime Costiera amalfitana. DR

    La Costiera cilentana n’a rien à envier à la célébrissime Costiera amalfitana. DR

  • La plage de Marina Piccola à Santa Maria di Castellabate. 123RF

    Le port d’Acciaroli. 123RF

  • Le port d’Acciaroli. 123RF

  • Légende. CRéDIT PHOTO

    La plage de Marina Piccola à Santa Maria di Castellabate. 123RF

«Sono del Cilento e me vanto.» Je viens du Cilento et j’en suis fier. Telle est la devise des habitants de ce parc national, terre de mythes, protégé par l’Unesco depuis 2010 en tant que patrimoine culturel immatériel de l’humanité. Située au sud de la célébrissime Costiera amalfitana, la Costiera cilentana n’a rien à lui envier. De là démarrera mi-avril un projet d’ampleur nationale pour la promotion de la mobilité douce et du développement touristique lié au bien-être psychosomatique à travers des activités sur ce territoire encore méconnu même des Italiens. La célèbre émission nationale, Linea Verde, qui raconte les excellences du pays, a tourné début mars des images de villages dont les us et coutumes sont encore inspirés de traditions séculaires. Fournil public, fontaine communale pour y laver le linge, il y souffle un vent hors du temps.

Un patrimoine protégé

Virgile mentionnait le Cilento dans l’Enéide (écrite entre 29 et 19 av. J.-C.), précisément Palinuro, qui tire son nom du timonier d’Enée fuyant Troie avec sa flotte. Les couchers de soleil au large de ce cap avaient attiré, dans les années 70, le Club Méditerranée, qui avait dû fermer, dit-on, sous l’impulsion des habitants de la région. Ils ne souhaitaient pas que leurs plages soient envahies par le tourisme de masse. Depuis que les lidos tenus par des locaux s’y installent en été, les camping-cars aux plaques britanniques ou allemandes ont disparu. Le patrimoine est protégé.

Entre terre et mer, le Cilento regorge de lieux antiques de la Magna Grecia, par son histoire d’appartenance au royaume des Deux-Siciles et aux influences arabisantes ou normandes. Le mont Bulgheria (1125 m), laisse entendre que la venue du prince bulgare Kahn Alezco dans le village du même nom, Celle di Bulgheria, a aussi fait germer d’autres influences sur la région déjà bien éclectique. On trouve également un cimetière étrusque dans l’ancien fief médiéval de Rocca Gloriosa, village perché sur une colline dominant le fleuve Mingardo d’un côté et le golfe de Policastro de l’autre.

Terre fertile

Lieu de pèlerinages, au mont Velia par exemple, ce territoire raconte les apparitions de la Madonne qui garde encore aujourd’hui un œil protecteur sur ses fidèles lors de processions dans les villages pratiquant les anciennes traditions des neuvaines. Le culte de la Vierge se répercute sur un état d’esprit, inclus dans la manière de vivre, de cultiver la terre et de se soigner.

On rend grâce pour la végétation unique au monde, c’est en effet de la Commune de Pioppi que vient la recommandée dieta mediterranea (régime méditerranéen) pour ses verdures au cœur desquelles on a trouvé l’élixir de jeunesse. La longévité des habitants est en effet notable. Les cultures d’oliviers, les figues de Barbarie, les grenades et les traditions culinaires regorgent d’influences maures, ottomanes, grecques ou romaines. La pêche au filet qui n’abîme pas les sardines, dite alla menaica, est une pratique ancestrale locale. Manger le mulignane ‘mbuttunate, aubergines farcies au fromage de chèvre typique et mie de pain, spécialité du coin, relève, pour les Cilentani, du véritable amour.

Des plages d’exception

MDA • Le Cilento est la terre des temples grecs de Paestum, non loin des caseifici (fermes laitières) de mozzarella de bufflonne. C’est le théâtre de l’odyssée d’Ulysse lorsqu’il se confronta au Cyclope d’Homère sur les plages certifiées les plus propres d’Italie au moins une année sur deux par le drapeau bleu émis par la FEE (Fondation pour l’éducation à l’environnement). Cette dernière récompense la qualité de l’eau et de la beauté naturaliste d’une zone. La région est ouverte sur l’horizon qui, par beau temps, rend visible les côtes calabraises à 400 km, depuis le promontoire de Ciolandrea à San Giovanni a Piro. Désormais c’est «Voir le Cilento et mourir».

Se rendre au Cilento

S’y rendre

En avion jusqu’à Naples, il est facile de se rendre à Sapri, une des villes qui a servi de décor au dernier James Bond (No time to die) avec un Intercity des Ferrovie di Stato qui circule régulièrement pendant la journée (en moins de deux heures).

Explorer en voiture…

La location d’une voiture est recommandée sur place pour profiter de la région aux nombreux villages contigus non reliés par le chemin de fer. Optez par exemple pour Europcar à l’aéroport de Naples, mais armez-vous de patience.

… ou en bateau

En bateau depuis Naples ou Salerne, Alilauro ou les compagnies locales de bus maritimes vous permettront d’explorer la Côte cilentana sans rien rater. Par exemple, la connexion Capri-Palinuro nécessite deux heures et demie.

Quand partir?

De type méditerranéen, le climat du Cilento s’apprécie surtout d’avril à juin et durant le mois d’octobre. De juin à septembre, les températures peuvent largement dépasser les 40 degrés. De quoi rebuter les plus téméraires...