Contre la toux, mieux vaut ne rien faire…

REFROIDISSEMENT • Le rhume est à soigner avec précaution, tant la prise d’antitussifs peut être délicate voire contreproductive. Mieux encore, une étude bâloise a conclu à l’inefficacité des médicaments dans le traitement de courte durée.

  • Le choix du traitement est primordial si on ne veut pas aggraver la toux. 123RF/KASPARS GRINVALDS

    Le choix du traitement est primordial si on ne veut pas aggraver la toux. 123RF/KASPARS GRINVALDS

Avec l’hiver, arrive la période des rhumes, toux et autres refroidissements. Nos enfants, surtout les plus jeunes, dont l’immunité est encore immature, en font particulièrement les frais. Contre la toux, que l’on retrouve fréquemment en cette saison, le réflexe naturel, pour bien des parents, est de se jeter sur des médicaments destinés à calmer ce symptôme plutôt désagréable, surtout lorsqu’il empêche de dormir. Souvent, ce n’est pourtant pas la meilleure chose à faire.

Sèche et grasse

Pour faire, simple, on distingue schématiquement deux grands types de toux: les toux dites sèches qui ne produisent pas de sécrétions et qui «raclent» parfois douloureusement la gorge et les bronches, et les toux grasses, celles qui ramènent volontiers des sécrétions et qui se soldent par des crachats bien muqueux destinés à dégager les voies respiratoires et donc à soulager la personne qui en souffre.

En règle générale, il est assez facile «à l’oreille» de faire la différence entre les deux, et dans les cas de doute, le médecin traitant tranchera facilement grâce à son bon vieux stéthoscope. L’enjeu d’un diagnostic correct réside dans le choix d’un traitement approprié, car la toux grasse ne relève pas du tout des mêmes médicaments que la toux sèche.

«Plus grave encore, explique un médecin genevois, un traitement inapproprié lié à un mauvais diagnostic ne fera qu’aggraver la toux, voire même la compliquer sérieusement. C’est pour cela qu’il faut toujours être vigilant.»

Objectif inverse

Dans le cas de la toux grasse en effet, le remède a pour objectif de «fluidifier le mucus» et de favoriser ainsi la toux pour mieux en permettre l’évacuation. Pour la toux sèche en revanche, l’objectif est strictement inverse, puisque le but est de limiter ce réflexe naturel en l’inhibant au niveau du cerveau. Dans ce dernier cas, les médicaments utilisés, même s’ils sont en vente libre en pharmacie, doivent être pris avec précaution car ils génèrent de nombreuses interactions médicamenteuses.

En tout état de cause, le marché mondial des médicaments contre la toux représente plus de 4 milliards de francs chaque année. Un marché juteux, qui vient d’être mis à mal par une étude de l’université de Bâle, publiée l’année dernière dans la revue scientifique British Journal of General Practice, et qui conclut à… l’inefficacité des antitussifs, médicamenteux ou naturels, dans le traitement de la toux aiguë, c’est-à-dire celle qui ne dure pas plus de quelques jours, avec un constat clair: sans traitement, la majorité des malades guérissent spontanément. Attention cependant, ces conclusions ne s’appliquent qu’à des toux de courte durée, les toux chroniques justifiant quant à elles toujours une consultation chez le médecin.