«Gig economy»: une menace

  • dr

    Fabio Bonavita

PERSPECTIVES • La révolution numérique n’en finit pas de tout pulvériser sur son passage. Sa prochaine victime pourrait être le modèle de travail classique. Avec un salaire fixe, des horaires établis et des congés payés. Car une profonde mutation est actuellement en marche aux quatre coins du globe. Sous le terme un peu barbare de gig economy, c’est notre manière de travailler qui est remise en cause. Le terme anglais gig signifie concert, l’idée est donc de payer les gens comme des musiciens. A la tâche et une fois le concert terminé. En d’autres termes, la réalité de demain pourrait être un monde où de multiples travailleurs indépendants et sous-traitants seraient uniquement payés à la mission. Ils se retrouveraient ainsi mis en concurrence sur de gigantesques plates-formes numériques. Ce futur (peu reluisant) se conjugue déjà au présent. En effet, le portail de services à domicile Task Rabbit permet à chaque internaute de demander à quelqu’un de faire le ménage, de réparer une fuite d’eau et même d’aller faire la queue à sa place pour acheter un billet de cinéma.

Une question s’impose. Demain, serons-nous tous indépendants? C’est fort probable. En Suisse, en Europe et aux Etats-Unis, la part des freelances ne cesse de croître. Elle se situe aujourd’hui entre 25% et 35%. Selon diverses prévisions, le nombre d’indépendants dépassera celui des salariés en 2030. Avec quels effets? Des gains substantiels pour les entreprises qui auront à leur disposition une main-d’œuvre moins onéreuse et disponible de jour comme de nuit. Pour les travailleurs, le tableau est moins rose car le système de protection sociale sera mis à mal. L’apparente liberté pourrait donc très rapidement se transformer en prison.