«Les paysans en détresse doivent nous contacter!»

SOCIAL• Suite à notre article sur la lente agonie des paysans (GHI 20.04), Jean-Michel Rey, coordinateur de l’association Solidarité Paysans Romandie, annonce l’existence d’une ligne téléphonique pour soutenir les agriculteurs.

  • Soutenir les paysans genevois? C’est la mission d’une ligne téléphonique.  PHOTOMONTAGE GETTY IMAGES/GHI

    Soutenir les paysans genevois? C’est la mission d’une ligne téléphonique. PHOTOMONTAGE GETTY IMAGES/GHI

– GHI: Si un paysan est en détresse, que doit-il faire?

– Jean-Michel Rey: Il doit nous appeler sans tarder au 079.355.77.99. Parfois, c’est un voisin, un ami ou un simple témoin qui nous appelle. Dès lors, ce témoin, communément appelé une sentinelle, doit inciter l’agriculteur concerné à nous contacter.

– Vous allez aussi à leur rencontre?

– Oui, si besoin, nous nous rendons sur place, en binome avec un agriculteur de notre réseau de bénévoles, pour prendre connaisssance de la situation et proposer un plan d’action. Bien souvent, nous accompagnons la personne auprès de structures compétentes, selon le problème observé. Le canton de Genève soutient et aide les paysans en difficulté, mais, bien souvent, ces derniers n’osent pas faire le pas. C’est pourquoi, nous le franchissons avec eux.

– Pourquoi avoir décidé de créer l’association Solidarité Paysans Romandie?

– L’émission de la RTS sur la détresse paysanne en février dernier, puis la parution du livre Malaise dans l’agriculture ont été des éléments déclencheurs. De plus, des amis agriculteurs s’investissaient déjà depuis plus de vingt ans pour soutenir des paysans fragilisés et, avec eux, nous avons décidé de fonder cette association.

– Comment expliquez-vous la situation problématique des agriculteurs genevois?

– Il y a d’abord la non-reconnaissance du métier d’agriculteur en tant que pourvoyeur de notre nourriture. Le paysan n’est plus rémunéré par le fruit de son travail et de sa production. Il doit souvent sa survie à des subventions, liées à l’entretien du paysage. D’où une importante crise identitaire. De plus, le paysan est asphyxié par des contraintes administratives pour lesquelles il n’est pas formé. Après sa journée de travail, il doit encore se coltiner des formulaires, des calculs et des déclarations de toutes sortes.

– Et il y a aussi une pression importante sur les marges?

– C’est exact. Les marchandises ne sont pas payées à leur juste prix, bien que notre propre constitution stipule que le paysan doit être rétribué de manière juste. Bien souvent, l’agriculteur est payé de 5 à 15 francs de l’heure, et ce pour des horaires que personne ne voudrait assumer, avec des congés presque inexistants et de maigres vacances. Si les salariés des autres branches économiques étaient aussi mal traités, nous serions déjà en train de vivre des soulèvements populaires. Alors, pourquoi se permet-on de maltraiter ainsi les paysans?