L’incroyable parcours de la Suissesse Tim et sa «Maison Chance»

HUMANITAIRE • Aline Rebeaud découvrait le Vietnam en 1993. Elle ne l’a plus quitté. Elle y a créé l’association «Maison Chance», qui accueille les enfants déshérités, souvent handicapés.

  • Une grande famille… DR

    Une grande famille… DR

Dans les rues et les hôpitaux d’Ho Chi Minh Ville, ça fait bien longtemps qu’on ne l’appelle plus par son prénom, Aline, mais par son surnom, Tim, qui signifie «cœur» en vietnamien. Un surnom que cette Vaudoise, détentrice aujourd’hui d’un passeport vietnamien, mérite au plus haut point. Et pour cause.

La pauvreté qui frappe

Aline – Tim -– découvre le Vietnam en 1993. Elle a alors 21 ans. Elle est jeune, libre, nomade, artiste – elle peint – et un peu baroudeuse dans l’âme. Lorsqu’elle arrive au Vietnam, c’est surtout la pauvreté qui la frappe. Surtout celle de nombreux enfants, souvent handicapés, qui vivent d’expédients et quasiment abandonnés de tous. Alors, les questions se bousculent alors dans sa tête. Pourquoi tant d’inégalités? Pourquoi ne sommes-nous pas tous nés sous une bonne étoile? «Plus je comprenais la difficulté des plus délaissés de cette région du monde, se rappelle-t-elle, plus je m’y sentais attachée. Un peu comme si cette terre avait été la mienne.» Elle ne le sait pas encore, mais elle va réellement le devenir.

Touchée par le sort de ces «laissés-pour-compte» qu’elle croise dans les rues et les hôpitaux d’Ho Chi Minh Ville, Tim achète une petite chaumière dans la banlieue de la ville moyennant les revenus modestes que lui procure la vente de ses peintures.

Dans ce lieu baptisé par ses propres résidents «Nha May Man» (maison de la chance en français), elle recueille des paralysés accidentés du travail et des enfants abandonnés. Le mot de ralliement commun à tous: le partage. Peu après, elle crée officiellement l’association Maison Chance. Au fil des ans, Maison Chance s’est agrandie. Elle est devenue une sorte de petit village qui accueille quelque 400 personnes, parmi lesquelles une vingtaine de bénévoles, qui viennent se faire soigner, sont scolarisés et suivent des formations professionnelles. Chaque année, parallèlement, plus de 500 personnes en difficulté bénéficient par ailleurs d’une aide financière pour acheter des médicaments ou payer les frais hospitaliers, d’un soutien pour des démarches administratives ou pour trouver un emploi. Aujourd’hui, Tim vient de s’engager sur un autre projet d’envergure: la construction d’un centre social à KrongNo, en zone rurale. «Lorsque les personnes handicapées ont terminé leur formation, elles se marient, ont des enfants et peuvent subvenir à leurs besoins, note Tim.

Ce qui n’est pas le cas des personnes qui prennent de l’âge et n’arrivent pas à trouver leur place en milieu urbain, notamment à cause de leur bagage éducatif. D’où la nécessité de mettre à leur disposition une structure adéquate qui leur donnera une chance de se sentir plus respectées et utiles dans la nouvelle communauté que nous allons créer pour eux.» 