Donner sans perdre son âme

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L’année dernière, selon les chiffres fournis par Swisstransplant, 1434 personnes se trouvaient sur la liste d’attente. Et 72 d’entre elles sont décédées faute d’avoir pu obtenir un organe compatible. En Suisse, en matière de dons d’organes, nous ne sommes pas très bons. Alors c’est évident, il faut faire quelque chose, remettre l’ouvrage sur le métier pour au bout du chemin, sauver encore plus de vies.

Sous la pression d’initiants, le Conseil fédéral a élaboré un contre-projet sur lequel nous nous apprêtons à voter et qui modifie radicalement la logique qui prévaut en matière de dons d’organes. Désormais, si le contre-projet est adopté en votation, toute personne sera considérée comme donneuse potentielle, à moins qu’elle n’en ait explicitement exprimé l’intention contraire. C’est ce que l’on appelle le consentement présumé.

Au-delà du débat sur l’efficacité d’une telle mesure, le consentement présumé, aussi nobles soient les intentions qu’il implique, pose un problème éthique de fond. Car d’une part, malgré les garde-fous prévus par le Conseil fédéral, il représente une manière déguisée de forcer la main à la population, avec le risque que des personnes non consentantes soient prélevées, et d’autre part il pose une question fondamentale en termes de fonctionnement démocratique.

Un législateur qui prendrait l’habitude de considérer que le citoyen est d’accord tant qu’il n’aurait pas explicitement exprimé son opposition ouvrirait à terme la boîte de Pandore d’un régime totalitaire. La cause du don d’organes mérite mieux que cela...