Echec suisse

CREDIT SUISSE • Comme un sentiment de gâchis. Le rachat de Credit Suisse par UBS marque une rupture. Un échec. Une honte. On tente d’éteindre un violent incendie qui s’étend pourtant depuis plusieurs mois. On n’a pas su, pas pu sauver un fleuron qui a façonné la Suisse moderne, qui faisait partie intégrante de notre identité. Face au danger, le pays des banques a appliqué dans l’urgence le principe du «Quoiqu’il en coûte» pour éviter le drame.

Un drame pour l’économie, pour les milliers d’emplois concernés et pour notre réputation. Celle-ci constitue d’ailleurs le principal capital de toute une industrie de la confiance, celle des banques. Et forcément avec elle, celle de la Suisse. Bien sûr, il fallait agir, prendre des mesures fortes pour rétablir cette confiance alors même que les experts ne cessaient de répéter que les fondamentaux de l’ex-numéro deux bancaire suisse étaient solides. En vain.

Maigre consolation tout de même: les bijoux de famille cédés à prix cassés restent en mains helvétiques. Le mal est fait mais l’honneur est sauf – vraiment? On a évité le pire, peut-être. Un examen approfondi des causes de cette débâcle s’avère indispensable. Des responsabilités devront être assumées, de nouvelles règles édictées. Car l’enjeu est existentiel. A plus long terme, ce n’est pas la confiance des clients ou des marchés qu’il faudra restaurer. Mais bien celle des citoyennes et citoyens de ce pays.