«Il est nécessaire d’établir un réflexe accessibilité»
Christina Kitsos, conseillère administrative de la Ville de Genève chargée de la Cohésion sociale et de la solidarité
Si pour beaucoup, les vacances riment avec détente, pour d’autres, elles peuvent être source de stress. Pour les parents d’enfants en situation de handicap, en tout cas, elles ne s’improvisent pas. «Trouver une place dans un camp de vacances peut s’avérer compliqué, affirme Marjorie de Chastonay, présidente de la FéGAPH, la fédération genevoise d’associations de personnes handicapées et de leurs proches. C’est même souvent la croix et la bannière.» Ces démarches nécessitent surtout de s’y prendre très à l’avance. «Certains parents baissent les bras», déplore-t-elle.
Prise en charge adaptée
Tous les organismes ne prennent pas en charge les enfants en situation de handicap et ceux-ci doivent se tourner vers les associations spécialisées. Cerebral Genève en est une. Elle s’adresse aux personnes touchées par une paralysie cérébrale ou un polyhandicap. «On a besoin d’un moniteur pour chaque personne qu’on accueille», explique Olivier Reymermier, le secrétaire général. Cerebral Genève propose des week-ends toute l’année ainsi que des séjours à Noël, à Pâques et durant l’été, pour enfants et adultes, avec de nombreuses activités, ateliers et sorties.
«Nos prestations représentent des bouffées d’air, tant pour les participants que pour les parents qui ont fort besoin de répit», estime le secrétaire général. Mais il est conscient que l’association n’arrive pas à répondre à toutes les demandes. «On aimerait pouvoir faire davantage, admet-il. Déjà en ce qui concerne le lieu. Cela fait vingt ans que nous accueillons nos participants à Onex. Et certains aimeraient aussi venir plus souvent durant l’année!»
Cap Loisirs, de son côté, organise des camps pour les enfants et adolescents jusqu’à 18 ans, avec des semaines à thèmes. «On s’arrange pour trouver un lieu différent pour chaque camp, précise Kalou Wirthner, responsable du secteur enfants et adolescents. On bénéficie de subventions bien sûr, mais on aurait besoin de plus, comme d’un endroit où accueillir nos participants durant le reste de l’année aussi. Là, on le fait au sein de nos bureaux.»
Soutien des autorités
Les autorités soutiennent en effet ces associations. Conseiller d’Etat chargé du département de la cohésion sociale, Thierry Apothéloz confirme: «Les associations spécialisées sont subventionnées, mais il existe aussi un financement pour la FASe, la Fondation genevoise pour l’animation socioculturelle, qui a pour but d’offrir un dispositif d’accueil inclusif, à savoir pour tous les enfants en intégrant les enfants à défis.»
Le Conseil administratif de la Ville de Genève mène aussi une politique en ce sens, en subventionnant notamment les journées de vacances proposées par Cap Loisirs. D’une façon plus générale, «on subventionne les Maisons de quartier qui accueillent des enfants en situation de handicap dans leurs centres aérés», précise Christina Kitsos, conseillère administrative chargée de la Cohésion sociale et de la solidarité. Pour la magistrate, «il est surtout nécessaire d’établir un «réflexe accessibilité». Ce n’est pas la personne qui vit un handicap, mais c’est bel et bien l’infrastructure qui n’est pas accessible ou le comportement qui n’est pas adéquat.»
Un plan de mesures pour une ville plus inclusive a par ailleurs été lancé fin 2019, en collaboration avec les personnes et les associations concernées (lire ci-dessous). Pour ces dernières, ces démarches sont positives et les choses avancent. Mais trop lentement. «Le combat n’est de loin pas terminé», selon Kalou Wirthner.
Même constat du côté de la FéGAPH. «Les obstacles sont encore nombreux, qu’ils soient administratifs, urbanistiques ou encore liés aux mentalités, appuie Marjorie de Chastonay. Il est très important d’accompagner les communes en expliquant ce qu’est la réalité du terrain. Les problèmes d’accessibilité touchent 20% de la population. Cela doit impérativement être une priorité.»
Et Thierry Apothéloz de conclure: «Il faut certes un changement profond d’habitudes et de regard, mais l’engagement du Canton est plein et entier.»