Féminisation des rues: «La Ville récidive!»

L’annonce par les autorités, en plein été, de féminiser le nom de 14 rues sur le territoire municipal agace profondément une élue PLR. Elle n’est pas la seule. Canton et Ville de Genève calment les esprits. Explications.

  • Le Conseil d’Etat se prononcera sur les nouveaux changements de noms de rues. FRANCIS HALLER

    Le Conseil d’Etat se prononcera sur les nouveaux changements de noms de rues. FRANCIS HALLER

  • FRANCIS HALLER

«La Ville récidive! Les autorités n’ont tenu aucun compte des résistances rencontrées en 2020, lors de la première volée du projet», dénonce Michèle Roullet, élue municipale PLR et enseignante.

Cause de sa colère: l’annonce par la Ville de Genève, en date du 23 août, du dépôt d’un nouveau dossier auprès de la Commission cantonale de nomenclature pour féminiser le nom de 14 rues sur son territoire.

«Cette crispation idéologique délirante sur les histoires de genre d’une gauche déconnectée des réalités m’agace profondément», appuie Michèle Roullet qui doute au passage que la syndicaliste, la journaliste et autres personnalités qui seront honorées jouissent d’une pertinence historique suffisante.

Un enracinement de moins?

Même incompréhension du côté de l’écrivain et philosophe Jean Romain pour qui le changement de nom de rue, sans la moindre consultation, peut non seulement engendrer des démarches administratives lourdes et chronophages mais s’attaque à l’identité même des habitants. «Entreprises, commerces et riverains de ces rues et emplacements sont souvent très attachés à leur adresse, laquelle constitue un élément d’enracinement important dans une société de plus en plus déracinée», relève-t-il. Avant de poursuivre: «Ce projet est inepte et contre-productif puisqu’il divise en prétendant aller vers plus d’inclusion, comme on dit dans la novlangue en vogue».

Saisir la commission ad-hoc

De son côté, Maria, une habitante de la rue Jean-Violette, conseille aux mécontents de saisir la Commission cantonale de nomenclature «avec des arguments bien aiguisés et une bonne dose de volonté…» C’est ce que cette aide-soignante de 56 ans a fait avec d’autres riverains en lançant une pétition qui avait rallié près de 200 contestataires.

Résultat: leur rue n’avait finalement pas été rebaptisée rue Grisélidis-Real, en hommage à une célèbre prostituée et écrivaine. Ce nom controversé est d’ailleurs désormais appelé à orner les plaques de la future ex-rue de Zurich, aux Pâquis… Une fois que le Conseil d’Etat se sera prononcé sur les propositions.

«Désagréments inévitables»

«Notre projet a suscité des réticences, concède Alfonso Gomez, mais aussi de nombreux soutiens!» Le conseiller administratif Vert de la Ville de Genève rappelle que la féminisation de 100 rues sur trois ans répond à une motion votée par le Grand Conseil en 2019 et vise à «réparer l’injustice qui veut que 544 rues portent des noms d’hommes contre 58 de femmes». De son côté, Antonio Hodgers estime que «réduire cette asymétrie crasse sans aucun désagrément est malheureusement impossible». Le conseiller d’Etat écologiste rappelle au passage que les citoyens concernés par ces changements de noms ont la possibilité de dire leur désaccord avant que le Canton n’entérine la décision. Il rappelle également que des démarches ont été entreprises afin de limiter les désagréments et de réduire les coûts de ces changements.