Fini les «Monsieur» et «Madame» sur les diplômes

POLÉMIQUE • L’Université de Genève supprimera, dès janvier 2023, toute référence au genre sur les certificats délivrés.

  • Dès 2023, la notion  de genre va disparaitre des diplômes délivrés par l’Université de Genève. DR

    Dès 2023, la notion de genre va disparaÎtre des diplômes délivrés par l’Université de Genève. DR

L’Université de Genève (Unige) abandonne la mention de «Madame» et «Monsieur» sur les diplômes qu’elle délivrera dès janvier 2023 et «supprime toute référence au genre». Publiée sur son site le 29 mars, la nouvelle a, dans la foulée, suscité une vague de réactions. Sur les réseaux sociaux, nombreux sont ceux qui ont cru à un poisson d’avril. C’est pourtant bien une réalité. La surprise passée, d’autres, plus critiques, s’indignent de cette «sanctification de l’inclusivité» ou de ce «manque de respect» envers les étudiants.

Alors que le Grand Conseil a approuvé, le 17 mars, une motion visant à bannir l’écriture inclusive des textes publiés par l’administration cantonale, l’Unige a choisi d’aller vers une plus grande inclusivité en supprimant toute référence au genre sur les diplômes. Il sera aussi possible de réimprimer son ancien diplôme en cas de changement officiel de nom, de prénom ou de genre.

Contacté, le service de communication de l’Unige nous livre quelques explications supplémentaires. «La mention “Madame” ou “Monsieur” a été retirée de tous les diplômes. De plus, pour le doctorat, la mention “a obtenu le grade du doctorat” permet l’uniformisation avec les diplômes des Bachelors et des Maîtrises universitaires où cette formulation était déjà présente», souligne Juliette Labarthe, directrice du Service égalité et diversité de l’Unige.

En version bilingue

«Les diplômes ont été simplifiés et sont maintenant en version bilingue avec l’Anglais, également dans l’idée d’être plus aérés, uniformisés et que toutes les informations essentielles soient présentes, précise-t-elle. L’Unige applique depuis mars 2020 une rédaction inclusive et épicène et une directive interne qui permet, à la demande, de pouvoir utiliser son prénom, son nom mais également son genre d’usage à l’université.»

La décision fait réagir le député PLR Jean Romain: «L’adjectif “inclusif” impose partout la thématique de l’exclusion, que personne ne professe d’ailleurs, afin de faire passer toute contestation pour une marque de machisme. C’est idiot mais efficace. Reste qu’au-delà de cette bigoterie contemporaine, il y a des hommes et il y a des femmes.»

Autre son de cloche du côté du PS: «Je soutiens la démarche de l’Unige. Le diplôme a une valeur symbolique forte. Cette évolution de langage permettra à l’ensemble du corps étudiant de se sentir représenté et reconnu», affirme la députée Jennifer Conti.

Ce n’est pas la première fois que le monde académique décerne un diplôme non-genré. Cela a été le cas pour Nara, 24 ans, non-binaire, diplomé de l’EPFL en octobre 2021.