«Genève doit devenir une zone hors Black Friday»

ENVIRONNEMENT • Le député socialiste Thomas Wenger veut que l’Etat lutte contre l’hyperconsommation et réduise l’empreinte carbone et environnementale du numérique dans le canton. Explications.

  • «Ce n’est pas une motion anti-commerces. Ces derniers ont besoin qu’on consomme local mais au juste prix», explique Thomas Wenger. MP

  • Le député socialiste Thomas Wenger. DR

«Ça n’arrête pas!» s’exclame Thomas Wenger en sortant de sa boîte mail un énième courriel faisant la promotion du Black Friday qui se tient vendredi 26 novembre. Et le député socialiste d’ajouter: «D’autant que désormais, il ne s’agit plus d’une seule journée mais de la «black week», voire du «black month»!» A ses yeux, le Conseil d’Etat doit prendre des mesures pour combattre ce type d’événements, qui «par des rabais parfois factices poussent à consommer à outrance et à acheter des choses dont on n’a pas besoin».

D’où sa motion qui sera déposée devant le Grand Conseil jeudi 25 novembre, veille du jour J. Objectif: «Déclarer le Canton de Genève zone hors Black Friday. De la même manière que Genève a été déclaré zone hors TiSA [opposition en 2017 à l’Accord sur le commerce des services]. Et du coup, interdire aux commerces de participer à cet événement et d’en faire la promotion dans leur vitrine et sur leur site internet.»

Empreinte environnementale

Une prise de position que d’aucuns pourraient juger radicale. Le député socialiste s’explique: «Le plan climat cantonal vise à atteindre la neutralité carbone d’ici à 2050 et une réduction de 60% des émissions de gaz à effet de serre d’ici à 2030. C’est dans neuf ans seulement! Il faut prendre des décisions dès aujourd’hui.»

Reste que les commerces genevois risquent de peu goûter une telle mesure. D’autant qu’elle pourrait pousser les Genevois à se rendre en France voisine ou sur Internet pour profiter du Black Friday. «Ce n’est pas une motion anti-commerces, se défend Thomas Wenger. Au contraire: les commerçants ont besoin qu’on consomme local mais au juste prix! En réalité, le Black Friday est contre-productif y compris pour eux puisque cela les oblige à casser les prix.»

Pour accompagner cette interdiction, le député propose de «sensibiliser les consommatrices et les consommateurs à l’empreinte carbone et environnementale de l’hyperconsommation et à promouvoir le commerce local, le marché des produits de seconde main ou encore le réemploi».

Collecte de smartphones usagés

Dans cette même volonté d’atteindre les objectifs du plan climat, Thomas Wenger dépose aussi une motion se penchant cette fois sur l’empreinte carbone et environnementale du numérique. Ce second texte demande que l’Etat prolonge la durée de vie des outils numériques utilisés dans l’administration, organise deux fois par an des journées de collecte d’appareils électroniques et autres outils numériques hors d’usage («Tel que ce vieux smartphone qu’on laisse tous traîner dans un tiroir»), crée une filière de recyclage pour ce matériel mais aussi lutte contre l’obsolescence programmée.

«Il ne s’agit pas de culpabiliser les gens mais de les sensibiliser et de leur donner l’exemple que l’on peut consommer mieux et moins pour protéger notre planète», conclut le député, avant de supprimer dans un soupir un nouveau courriel annonçant «jusqu’à -75% de réduction sur du matériel hi-fi».