«Genève peut devenir une vraie destination de vacances»

Avec la pandémie, les acteurs du tourisme vont devoir innover, cette année encore, pour attirer les visiteurs. Interview de Sophie Dubuis, présidente de Genève Tourisme & Congrès.

  • Genève bénéficie «de la campagne, du lac, des montagnes toutes proches et, bien sûr, de la ville», souligne Sophie Dubuis. GENÈVE TOURISME

  • Sophie Dubuis, présidente de Genève Tourisme & Congrès. KJ

  • GENÈVE TOURISME

  • GENÈVE TOURISME

Les vacances d’été arrivent à grands pas. Cette période estivale sera à nouveau marquée par la pandémie et les mesures liées à celle-ci. Sophie Dubuis, présidente de Genève Tourisme & Congrès, fait le point.

GHI: Dans quel état d’esprit êtes-vous à quelques semaines des vacances d’été?
Sophie Dubuis:
D’une façon générale, nous sommes plus sereins que l’année dernière. Nous sommes toujours dans l’incertitude mais nous avons constaté à quel point nous étions soutenus par les autorités. Nous avons aussi pu remarquer nos capacités d’agilité. Mais de grosses inquiétudes demeurent. L’année dernière, nos rentrées financières ont drastiquement baissé, de plus de moitié, puisqu’elles proviennent essentiellement des nuitées et des taxes touristiques, ce qui représente un risque pour notre viabilité financière.

– L’automne dernier, vous avez d’ailleurs dû procéder à une restructuration: huit licenciements et huit non-reconductions de postes. Comment se porte la fondation aujourd’hui?
– Cela correspondait à environ 30% de notre effectif. L’année 2019 a été une année de référence, avec 3 millions de nuitées. Nous espérons arriver à 1 million en 2021 pour obtenir un budget équilibré, mais c’est difficile. Ce début d’année a été mauvais, avec une baisse de 67% de nuitées par rapport au premier trimestre 2020.

– Alors comment allez-vous attirer les touristes cet été?
– Notre mission est claire: promouvoir Genève! Nos équipes ont créé un concept «Resort» qui signifie que Genève peut devenir une véritable destination de loisirs pour les vacances. Nous bénéficions de la campagne, du lac, des montagnes toutes proches et, bien sûr, de la ville, et son vaste choix gastronomique, culturel et de commerces. Notre philosophie est: ce qui est bon pour le Genevois l’est aussi pour le touriste.

– Concrètement, de quoi pourront bénéficier les Genevois et les touristes?
– Après les actions que nous avions mises en place l’année dernière, il restait 2,4 millions sur les 4,5 millions de francs de l’aide octroyée par le Canton. Les députés ont permis que ce montant soit utilisé cette année pour des bons Restôbar d’une valeur de 25 francs. Cette année, tous les Suisses, et pas uniquement les Genevois, pourront en bénéficier, via un formulaire à remplir sur notre site internet. Leur quantité est toutefois limitée.

– Ça sera suffisant?
– On ne sait pas, mais il s’agit d’un geste symbolique et de soutien. Une autre partie de l’argent servira à attirer les touristes et soigner leur accueil.

– Qu’en est-il du tourisme d’affaires, très important à Genève?
– Avec les visioconférences, le tourisme d’affaires s’est pratiquement arrêté alors qu’habituellement, il représente 75% du tourisme à Genève. Nous ne savons pas à quoi il ressemblera demain. Mais nous sommes sûrs que le tourisme lié à la Genève internationale reprendra d’une façon ou d’une autre. La Suisse a l’avantage d’avoir gardé une bonne image durant la crise. L’annonce du sommet entre les présidents américain et russe, Joe Biden et Vladimir Poutine, le 16 juin, est d’ailleurs une très bonne nouvelle en la matière.

– Le grand feu d’artifice a à nouveau été annulé. Quel est l’avenir de cet événement?
– Il nous était en effet impossible d’imaginer l’organiser dans la situation sanitaire actuelle. Mais de plus en plus de voix s’élèvent depuis quelques années contre ce feu d’artifice pour des raisons écologiques. Pour l’heure, nous n’avons pas de projet définitivement arrêté. Nous attendons d’avoir une vision de sortie de crise avant de reprendre ces réflexions. Ce qui est sûr, c’est que nous n’aurons plus les mêmes moyens financiers pour l’organiser.

– Qu’est-ce qui vous inquiète pour la suite?
– Je m’inquiète des retombées économiques sur l’ensemble de la branche et donc de l’impact sur l’emploi dans les domaines du tourisme, de la restauration, de l’événementiel et de la culture, et ce, même si les activités redémarrent. Mais ce que je retiens de positif, c’est l’immense solidarité et le soutien de nos autorités et de nos partenaires. Je les remercie sincèrement pour cela.