Hommage à un vieux dégueulasse

  • L’actrice Julia Batinova jouera dans la pièce «The Big Bukowski» aux côtés de Lionel Brady et Philippe Mathey. DANIEL CALDERON

    L’actrice Julia Batinova jouera dans la pièce «The Big Bukowski» aux côtés de Lionel Brady et Philippe Mathey. DANIEL CALDERON

Accueillie jusqu’au 27 juin par Les Amis musiquethéâtre à Carouge, la création The Big Bukowski tourbillonne autour de la légende Charles Bukowski. Rendu célèbre par son Journal d’un vieux dégeulasse, le bonhomme mêle allégrement brutalité, indifférence au scandale, alcool et sexe dans son œuvre littéraire. Une propension à la débauche qui lui vaut une reconnaissance quasi planétaire. Et légendaire. Pas étonnant que Julien Tsongas, l’auteur de la pièce, mette le cap sur la folie ordinaire, celle qui sommeille en chaque individu. Malgré cette réputation, il est bon de rappeler que la plume de l’auteur américain d’origine allemande, tout d’abord abrupte et trash, se coule peu à peu dans la vie et gagne en maturité au fil de sa carrière. Elle arrondit les angles, estompe sa vulgarité.

Nouvelliste, mais pas que

Julien Tsongas est donc fasciné par Bukowski. Dans son adaptation, il donne la parole au poète (L’amour est un chien de l’enfer), au nouvelliste (Contes de la folie ordinaire, Journal d’un vieux dégueulasse, Au sud de nulle part) et enfin au romancier (Factotum, Women, Pulp). Un bel hommage à cet auteur qui aurait eu 100 ans le 26 août dernier.

Mais quand on le relit, on comprend pourquoi il n’est jamais devenu centenaire: «La picole est une forme temporaire de suicide dans laquelle je m’autorise à mourir pour revenir ensuite à la vie. Je suis dingue d’écriture. C’est ma drogue. C’est ma femme, mon vin, mon dieu. Ma chance.» Une chance pour Charles Bukowski, mais aussi pour son fidèle lectorat qui a su l’élever au rang de mythe en l’espace de quelques décennies. Pas mal pour un vieux dégueulasse… 

«The Big Bukowski», Théâtre des Amis, Carouge, du 8 au 27 juin, www.lesamismusiquetheatre.ch