HORS SUJET

Le piratage de tout discours par la récurrence virale de mots-valises, du style «urgence climatique», ou «transition énergétique» sévit, hélas, au plus haut niveau de la politique genevoise. Chez une personne intelligente et respectable, Fabienne Fischer, ministre cantonale de l’Economie. C’est dommage, infiniment: les lumières de l’esprit méritent mieux que de s’accrocher désespérément aux mêmes outils lexicaux, toujours recommencés.

Dernier exemple en date, la fameuse interview de la magistrate, dans la Matinale radio de la RTS, mardi 31 mai. On en a tous retenu l’annonce en direct, par mes confrères, de la fusion Firmenich-DSM, et la conseillère d’Etat qui affirmait ne pas être au courant. Fort bien. Mais l’essentiel, au fond, n’est pas là. Il est dans la grande interview elle-même, quelques minutes auparavant.

En un mot, mes confrères et consœurs tentent d’obtenir de la ministre des priorités motrices, enthousiasmantes, pour relancer l’économie genevoise. Las! Tout le dispositif argumentaire du Conseil d’Etat genevois se trouve réduit, dans la réponse, à la seule question de la «transition» écologique.

On veut bien que les entrepreneurs genevois fassent un effort dans ce sens. Mais diable! Les patrons ne se lèvent pas, le matin, dans la seule jouissance d’aller poser des panneaux solaires sur les toits de leurs boîtes. L’essentiel de l’économie, la raison première d’une entreprise, la sève de l’aventure, ça n’est pas de faire Vert. A cet égard, le discours monothématique de la ministre apparaît comme terriblement décevant. Réducteur. Et, finalement, hors sujet.