«Vous avez de la moutarde? Et de l'huile?», interroge Roseline en interpellant un vendeur de la Migros de Cornavin. Habitant l'Ain voisin, cette frontalière vient s'approvisionner à Genève. Car, depuis plusieurs jours, les rayons de ces deux aliments sont vides dans les supermarchés français. La raison? La mauvaise récolte enregistrée en 2021 et l’invasion de l’Ukraine en février. De quoi nourrir les plus vives inquiétudes chez les consommateurs. Qu'en est-il à Genève? En ce lundi 13 juin, la seule option à la Migros de la gare est celle de la moutarde à l’ancienne…
Pour autant, du côté du géant orange, on se veut rassurant. La fourniture en huile de tournesol et autres produits dérivés comme les barres de céréales ou la moutarde n’a pas été fortement affectée. «Nos commandes sont honorées sur l’ensemble du territoire national», affirme le porte-parole, Tristan Cerf. Et d’ajouter que si l’entreprise devait changer la composition des recettes de certaines préparations alors ces modifications seraient dûment notifiées sur les emballages.
Huiles de production suisse
Porte-parole à Coop, Caspar Frey est lui aussi confiant. L’autre géant de l’agroalimentaire n’achète qu'une petite partie de l'huile de tournesol vendue sous ses marques propres en Ukraine, assure-t-il. Une part des huiles de tournesol de Coop provient de la production suisse. Mais, si les effets de la situation ukrainienne sur l'approvisionnement sont imperceptibles, il demeure néanmoins vigilant quant à l’évolution du marché. «Nous avons d’ailleurs temporairement suspendu les promotions sur l'huile de tournesol», relève le porte-parole. Et pour les mois à venir? La récolte de tournesol est déjà dans les entrepôts de la coopérative.
Gare au gaspillage!
Si les deux enseignes de la grande distribution ne s’inquiètent pas outre mesure, les consommateurs, eux, se montrent plus circonspects. A tel point que d’aucuns préfèrent stocker huiles et moutardes, dégarnissant ainsi les rayons de certains magasins. Pour Barbara Pfenniger, chargée du secteur alimentaire à la Fédération romande des consommateurs (FRC): «Si ce réflexe préventif est compréhensible, l’achat impulsif peut générer des dépenses inutiles. Ces produits ont effet des dates de péremption. Il n’y a aucun intérêt dès lors à les entasser dans les placards pour les jeter ensuite.»
Barbara Pfenniger ajoute qu’une ordonnance de l’Office fédéral de la sécurité alimentaire et des affaires vétérinaires (OSAV) va entrer en force en juillet prochain. Elle pourrait amener un nouveau souffle aux industries alimentaires. «Le texte prévoit que les producteurs puissent remplacer rapidement et de manière flexible l’huile et la lécithine de tournesol par d’autres huiles végétales. Les produits fabriqués avec les nouvelles composantes devront porter un autocollant rouge spécifique», indique-t-elle.