«Ils m’ont ligotée et aspergée d’eau de Javel»

- Deux malfrats agressent violemment une septuagénaire à son domicile de Bellevue.
- Choquée, la victime des faux pompier-policier raconte cette agression qui aurait pu tourner au drame.
- Le procureur général Olivier Jornot se dit déterminé à combattre toute violence contre les plus faibles.

  • Sylvie, victime des faux policier et faux plombier, a vécu un vrai cauchemar. ISTOCK

    Sylvie, victime des faux policier et faux plombier, a vécu un vrai cauchemar. ISTOCK

  • Sylvie, victime des faux policier et faux plombier, a vécu un vrai cauchemar. STéPHANE CHOLLET

    Sylvie, victime des faux policier et faux plombier, a vécu un vrai cauchemar. STéPHANE CHOLLET

  • Sylvie, victime des faux policier et faux plombier, a vécu un vrai cauchemar. ISTOCK

    Sylvie, victime des faux policier et faux plombier, a vécu un vrai cauchemar. ISTOCK

«Si tu gueules, je te bute»

Un des deux agresseurs.

«Ils m’ont plaquée au sol dans ma cuisine. Ils m’ont bâillonnée avec leurs grosses mains. J’étais au bord de l’évanouissement. Il m’ont ensuite ligotée avec du scotch avant de m’asperger entièrement d’eau de Javel.» Sylvie, septuagénaire, domiciée à Bellevue, est encore sous le choc.

Des méthodes identiques

Le 17 décembre 2013, cette septuagénaire a été victime d’une terrible agression dans sa maison. Les malfrats? Un faux plombier et un faux policier. Selon la police, qui enquête sur cette affaire, les cas de cambriolages avec agressions violentes restent rares. «On en dénombre au maximum cinq par année», précise Eric Grandjean, officier de presse.

La parade

Mais revenons aux faits. Sylvie, veuve, habite seule dans sa maison. Depuis quelques semaines, d’importants travaux de remise en état des égouts agitent tout le quartier. Ce matin-là, des ouvriers travaillent sur son parking. Vers 11 heures, un homme d’une trentaine d’années, cheveux blonds et habillé d’une salopette, frappe à sa porte. «Il m’a dit qu’il y avait des problèmes avec les canalisations et qu’il devait entrer pour faire des réparations. J’en ai conclu qu’il faisait partie des plombiers du chantier. Je l’ai donc naïvement accompagné dans ma cuisine», raconte-t-elle.

«Il était grotesque»

«Pendant qu’il travaillait, il insistait pour que je reste avec lui. Quand je me suis finalement retournée, le plombier a crié: «Il y a quelqu’un dans votre salon». C’était la stupéfaction! Un homme a alors surgi de nulle part en brandissant une fausse carte de police, grossièrement imitée. Il criait «Police! Police! Attention l’ouvrier est un voleur!» J’ai alors regardé le plombier. Il gesticulait comme dans une pièce de Molière», explique Sylvie.

Faux policier et faux plombier

La victime comprend aussitôt qu’il s’agit d’un coup monté et se précipite vers la porte de la cuisine. Elle sort et crie «au secours!». Personne ne l’entend. Les deux hommes se jettent sur elle. «Si tu gueules, on te bute╗╗!», menace l’un d’entre eux. Puis, ils la traînent par terre jusqu’à l’intérieur. Ils lui arrachent violemment les deux bagues de valeur qu’elle a aux doigts. Ils font une tentative d’étranglement, lui ligotent les mains avec du gros scotch. «J’ai cru que j’allais y passer. Je n’arrivais plus à respirer alors j’ai tenté de me débattre. Puis ils m’ont arrosée d’eau de Javel. Ils disaient que c’était pour enlever les traces d’ADN.»

L’argent et les bijoux

Les malfrats s’acharnent. «Ils voulaient savoir où se trouvaient les billets de 1000 francs et le coffre-fort. Je leur ai répondu que je n’avais ni liquidités ni coffre, mais des bijoux et des cartes de crédit à l’étage. Cela les a calmés.»

Revolver chargé

Ensuite ils l’enferment dans une chambre aux volets fermés à l’étage. Ils lui ligotent les pieds. «Je les ai entendu farfouiller dans la maison. Ils ont pris quelques bijoux sans grande valeur ainsi que mon revolver chargé. C’est une arme déclarée bien sûr, que je gardais en cas d’agression. Lorsque j’ai vu qu’ils l’avaient, j’ai eu peur qu’ils s’en servent contre moi. Ces hommes étaient des sauvages.» Après plusieurs minutes, elle n’entend plus de bruit. «Je me suis libérée les mains et j’ai crié à l’aide. C’est ma voisine qui est venue me secourir. Tout cela a duré vingt minutes mais ça m’a semblé être une éternité.»