Ils passent Noël au travail

Durant la nuit du 24 au 25 décembre, tout le monde ne peut pas s’accorder une pause en famille. Pompiers, policiers, personnel hospitalier ou encore employés de la Voirie doivent rester mobilisés. Témoignages de ces femmes et de ces hommes qui turbinent pendant les Fêtes.

  • Les pompiers sont prêts à intervenir à tout moment durant les Fêtes . STÉPHANE CHOLLET

  • La Voirie est prête à intervenir en cas de chutes de neige. DR

  • A l'EMS de la Maison de la Tour à Hermance, les animatrices apportent la dernière touche aux décorations de Noël, pour la plus grande joie des résidents. TR

Pas de repos pour les braves! Durant la nuit du Réveillon de Noël, les pompiers sont sur le pont. Parmi eux, le sergent Aurélien Porchet. A tout juste 40 ans et avec 16 années de service au compteur, ce solide gaillard au large sourire estime que «c’est sympa de se rendre utile. Et puis, cela fait partie des contraintes de ce métier de travailler pendant les Fêtes.» Côté interventions, «il est rare que ces nuits soient calmes, précise-t-il. Le sapin qui flambe est, par exemple, un classique.»

Peuvent s’ajouter des interventions qui, cette nuit-là, prennent une autre tournure. «Quand on va relever une personne âgée qui est tombée, on essaie de rester pour discuter un moment avec elle, histoire qu’elle se sente moins seule ce soir-là», souligne le caporal Benjamin Poncet.

Ce que ce trentenaire préfère dans le fait de travailler à Noël, c’est sans nul doute l’ambiance en caserne. Cet ancien bûcheron amène une bûche finlandaise taillée de ses mains. «On la met dans la cour et on fait griller les chamallows.» Le soir, place à la fondue bourguignonne dans le réfectoire, sous réserve que l’alarme ne vienne pas jouer les trouble-fêtes et en respectant les mesures sanitaires.

«Ça joue assez bien de faire Noël en caserne, car, finalement, on est en famille!», souligne la sapeure Eliane Munier, 28 ans, qui le temps de cette soirée délaisse ses six frères et sœurs et ses neuf neveux et nièces. «Ils sont bien assez nombreux. Je ne manque pas!», rit-elle.

«Les patients ont besoin de nous»

A l’hôpital aussi, pas question de déserter les services. Notamment aux soins intensifs, très sollicités en ces temps de Covid. Infirmière depuis quinze ans, Naïma travaille toujours à Noël. «Je ne célèbre pas cette fête de par ma religion. Je préfère donc laisser mes collègues prendre congé cette nuit-là», explique cette femme de 39 ans. Même si, parfois, ses trois enfants, âgés de 12, 8 et 2 ans, aimeraient qu’il en soit autrement. «Je leur explique que la maladie, elle, ne prend pas de vacances et que les patients ont besoin de nous. Qu’on se retrouvera en famille autour d’un bon repas un autre soir.»

Difficile pour les personnes seules

Dans une autre aile des HUG, aux urgences psychiatriques, Rachel, 42 ans, a dû choisir entre travailler à Noël ou au Nouvel An. Elle a opté pour Noël mais a eu la désagréable surprise de devoir assumer trois nuits, celles du 24, du 25 et du 26. «Je vous avoue que mes enfants de 11 et 13 ans ne le prennent pas très bien.» Malgré cela, elle se concentre sur sa tâche qui demande écoute, rigueur et gestion du stress. «D’autant qu’à Noël, c’est l’imprévu. On ne sait pas ce qui va nous arriver.» L’empathie est aussi une qualité essentielle: «Pendant les Fêtes, les gens qui se retrouvent seuls à la maison dépriment et viennent consulter. A cette période, les tristesses remontent.»

Cette solitude exacerbée, Antonio, agent de police municipale en Ville de Genève connaît bien. De service l’an dernier à Noël, il remet ça cette année. «Cette nuit-là, nos tâches sont différentes. Nous avons un rôle plus social, par exemple avec des personnes seules ou démunies, dont certaines vivent dans la rue», explique celui qui est APM depuis plus de 15 ans aux Acacias. Autre particularité: une ambiance électrique, qui ne permet pas toujours de dialoguer. «Il n’est pas rare que des contrevenants nous demandent de ne pas mettre d’amendes en cette occasion spéciale», confie-t-il.

Côté privé, la famille du policier a trouvé la parade pour éviter que le papa (et mari) ne manque trop. Ses deux enfants, 11 et 13 ans, se réveilleront vers 4h du matin pour ouvrir les cadeaux, après son travail, avant d’aller se recoucher. «C’est comme si j’étais avec eux, sauf que je mange les restes», s’amuse-t-il, tout en saluant le soutien de son épouse.

Au volant de son trolleybus

Fêter Noël en léger décalé, c’est aussi l’option choisie par Bashkim, 30 ans, et les siens. Chez ce conducteur de trolleybus aux TPG, le traditionnel repas a lieu à midi avant que Bashkim ne prenne son service. «Mes deux enfants sont tristes de me voir partir en ce jour spécial, reconnaît-il. Mais en s’organisant, on arrive tout de même à passer de bons moments ensemble.» Et de bons moments au volant de son trolleybus. Déjà sur le pont à Noël 2020, il se souvient: «Les gens viennent à la fenêtre pour me souhaiter de bonnes fêtes, tout le monde est de bonne humeur. J’aime aussi rendre service en permettant aux gens de retrouver leurs proches».

De son côté, Déborah, 27 ans, animatrice à l’EMS de la Maison de la Tour à Hermance, se réjouit de passer la soirée de Noël avec les résidents. «C’est toujours un beau moment!» Au programme: musicien, apéritif et bon repas. Le personnel a décidé de porter des «pulls folkloriques de Noël», thème retenu cette année. «Même si on travaille ce jour-là, j’aime voir le sourire sur le visage des résidents. C’est une période féerique!» On n’aurait pas dit mieux.

La Voirie dans les starting-blocks

MP • Pour permettre aux bus mais aussi aux services d’urgences de rouler, la Voirie de la Ville de Genève doit rester mobilisée. Tel est le rôle de Pierre. Ce quadragénaire, adjoint du chef de groupe de l’unité de gestion des incivilités assure le piquet «viabilité hivernale» dès le 24 décembre à midi et pour toute la semaine qui suit. «Je dois être atteignable 24 h/24. S’il neige, s’il y a du verglas ou du gel, je suis mobilisable.» Les yeux rivés sur les prévisions météorologiques mais aussi sur le ciel, il est chargé de déclencher l’engagement des différents moyens. Les camions, les véhicules légers de salage ainsi qu’une centaine d’hommes et de femmes répondront à son appel. Ayant travaillé par le passé comme agent de sécurité, il a l’habitude de passer la nuit de Noël au turbin. Et sa famille aussi… «Ils savent qu’à tout moment je peux être obligé de quitter la table… Mais, ils sont compréhensifs», conclut-il.