Inflation et crise énergétique: «un sacré trou dans le budget!»

PRÉCARITÉ • Une mère de famille endettée durant 15 ans s’inquiète face à la crise qui menace cet hiver. Aidée par le Centre social protestant, elle témoigne afin de demander davantage d’efforts aux institutions.

  • Les prix augmentent. La précarité aussi. XB

    Les prix augmentent. La précarité aussi. XB

Christiane*, la cinquantaine, a connu la galère pendant 15 longues années. Les licenciements, le chômage et les dettes, cette mère de deux enfants aujourd’hui âgés d’une vingtaine d’années connaît. Par trois fois, elle s’est retrouvée en fin de droits. Face à la hausse de 22% en moyenne des tarifs de l’électricité en 2023, annoncée par le Conseil d’Etat, le 31 août, ainsi qu’à l’augmentation du prix de l’essence et à l’inflation, elle redoute que le nombre de personnes en situation de précarité ne prenne lui aussi l’ascenseur. D’autant que, si aujourd’hui, elle aperçoit le bout du tunnel, la quinquagénaire reste critique à l’égard des institutions étatiques d’aide sociale.

«Payer nous-même»

«Ces augmentations représentent un trou important dans le budget des familles et peuvent les mettre dans une situation compliquée. Et pourtant, ce n’est pas la faute des ménages si les prix s’envolent. Pourquoi devrait-on payer?», s’interroge Christiane. Pour elle, la problématique devrait être prise davantage au sérieux par les pouvoirs publics. «Quand j’y pense, je suis déjà angoissée. A la maison, nous essayons d’éteindre systématiquement les lumières et de ne pas consommer inutilement mais sans savoir si nos efforts suffiront. En tout cas, ces hausses ne feront qu’empirer les choses pour les gens en situation précaire.» Dans le cas de Christiane, ce contexte demeure particulièrement périlleux. «Cela m’oblige à repousser l’échéance du remboursement de mes dettes», regrette-t-elle.

Aidée par le Centre social protestant (lire encadré), la mère de famille considère que les solutions se trouvent également du côté des autorités. «L’Etat devrait en faire davantage pour éviter qu’on ne sombre dans la pauvreté, notamment lorsqu’un chômeur arrive en fin de droits. C’est un moment charnière qui entraîne un stress immense, estime-t-elle. C’est là qu’il faut augmenter les efforts et aider surtout ceux qui ont des enfants à charge.»

Manque de flexibilité

Christiane exhorte aussi les autorités à en faire plus en temps de crises, comme actuellement. «Il faut absolument mettre les bouchées doubles. Car on le sait: le nombre de personnes pauvres va augmenter.»

Bénéficiaire de l’Office cantonal de l’emploi pendant la pandémie, elle déplore un manque de flexibilité des institutions. «Il faudrait plus de collaboration entre le service du chômage et l’aide sociale. Ce sont deux entités étatiques, elles devraient pouvoir s’entendre!», s’exclame-t-elle.

Très attachée à Genève, Christiane veut que son histoire puisse servir d’exemple. «Je ne veux pas que ces situations de précarité augmentent et que d’autres vivent la même situation que nous. Personne n’est à l’abri: cela peut arriver à n’importe qui, en raison d’un accident, d’un divorce ou d’une crise. Il faut absolument faire davantage pour lutter contre la pauvreté. C’est une question de paix sociale», conclut-elle.

*prénom d’emprunt

Le Centre social protestant veut plus d’aides

TR • En première ligne face à la précarité, le Centre social protestant (CSP) tire lui aussi la sonnette d’alarme. Jeudi 15 septembre, il présente sa campagne annuelle visant à promouvoir l’aide aux familles en temps de crise. Son slogan: «La précarité a un visage, la solidarité aussi».

L’institution met en avant le fait que les ménages ont été sursollicités durant plus de deux ans de crise. «La complexité et l’inadéquation des dispositifs existants méritent d’être questionnés», insiste le CSP, demandant un renforcement des aides financières étatiques ainsi qu’un système simplifié et plus accessible.