Dès la sortie de l’avion, une lumière violente et cristalline saisit l’iris. Elle révèle les étranges nuances d’une lave noire ou marron, parfois tapissée de lichens jaunâtres ou de grimmia moussue, luxuriante moquette vert pâle.
Plus loin, les reliefs tourmentés se parent de couleurs plus chatoyantes, auxquelles les eaux turquoise d’un lagon fumant conféreraient des allures polynésiennes, n’était l’absence de toute végétation. Eruptions intempestives, geysers bouillonnants et autres tremblements expriment bien le caractère de cette île impétueuse.
Le fief des 200 volcans
«Nous voici juste sur la faille géologique séparant les plaques américaine et européenne. Ces deux plateaux continuent de s’écarter, et le magma en profite pour jaillir le long de la cicatrice. C’est ainsi que l’Islande s’est formée, par remontées successives de matières vomies des profondeurs», explique Niels, géologue, en exhibant un morceau de basalte.
Ce territoire qui gronde toujours n’a pourtant pas découragé ses premiers explorateurs, dont les sagas folkloriques perpétuent les hauts faits depuis le Moyen-Age. Proscrits, notables, opposants aux monarchies danoise ou norvégienne arrivés par vagues successives ont constitué un peuple jaloux de son indépendance et de la pureté de sa langue (le scandinave ancien, préservé de toute contamination externe).
Immersion rituelle
«C’est une des meilleures recettes que je connaisse contre la gueule de bois», décrète Niels en barbotant au centre géothermal du Blue Lagoon, à une heure de route de Reykjavik. Naturellement façonnés dans le magma solidifié, ces petits lacs naturels attirent une clientèle de tout âge, convaincue qu’ils lui épargnent stress et mauvaises grippes… sans oublier les bienfaits dispensés à tous ceux qui souffrent d’arthrite, d’asthme ou de dermatose.
Le baigneur réapparaît le visage badigeonné de blanc: «Faites comme moi: rien de tel qu’un masque de silice pour retrouver sa peau de bébé! Cet oxyde se dépose en permanence sur les bords du bassin.»
Comme les masques de beauté, les classes sociales finissent par se diluer sous la douche prise collectivement dans le plus simple appareil. En Islande, les bains encouragent des valeurs très égalitaires.
Bien sûr, on peut imaginer une découverte hivernale de l’Islande… si l’on n’est pas frileux et si l’on s’accommode des interminables nuits, parfois illuminées d’aurores boréales. Néanmoins, la saison touristique se concentre plutôt entre la mi-mai et la fin août, période où les journées sont plus longues et plus agréables.