La Drize mise sous perfusion

  • L’eau potable des SIG, à raison de 6l/s, se déverse depuis mercredi, jour et nuit, dans la Drize. DR

SÉCHERESSE • C’est une grande première à Genève: la rivière appelée la Drize est actuellement approvisionnée en eau par le Canton. Concrètement, depuis mercredi 22 juillet, un tuyau déverse de l’eau potable dans ce cours d’eau franco-genevois. Objectif: soutenir l’étiage de cette rivière qui souffre terriblement de la sécheresse de ces derniers jours. «On s’est rendu compte la semaine dernière que le débit à la frontière (entre Collonge-sous-Salève et la Croix-de-Rozon) était descendu à 1l/s, explique Alexandre Wisard, le directeur du Service du lac, de la renaturation des cours d’eau et de la pêche (SLRP). A cet endroit, la Drize ne coulait plus. Les poissons étaient en stress total, tentant de s’oxygéner dans les poches d’eau restantes.»

Branle-bas de combat au SLRP! Une pêche de sauvetage est envisagée avant d’être retoquée au profit d’une solution plus radicale encore. «Vu l’urgence de la situation, on a décidé d’injecter de l’eau directement dans la rivière», poursuit Alexandre Wisard. C’est ainsi qu’avec l’aide de la commune de Troinex qui a fourni les tuyaux, l’eau potable des SIG, à raison de 6l/s, se déverse depuis mercredi, jour et nuit, dans la Drize. «De quoi faire remonter le débit à 7l/s.» Une opération dont le coût s’élève à plusieurs milliers de francs.

Pourquoi une telle dépense pour sauver des poissons, peut-on se demander? «Votre question sous-jacente, c’est: à quoi servent les truites? La réponse: à rien, comme les Beatles! Mais, si on démissionne maintenant, demain, il n’y aura plus de faune», s’emporte Alexandre Wisard. «La truite fario est une espèce sentinelle. Sa présence est un indicateur de la bonne santé de l’environnement aquatique. Notre devoir est de la préserver tant que faire se peut.»

Il précise que l’Allondon n’a, lui, jamais été aussi bas (184 l/s contre 400 à 500 l/s habituellement en été). Il est d’ailleurs interdit de s’y baigner. Tandis que la Versoix est descendue à 707l/s au lieu de 1000 l/s. Et le directeur du SLRP d’en appeler à renforcer la coopération transfrontalière en la matière afin de préserver l’avenir des cours d’eau du bassin lémanique.