La droite a des racines. Et des valeurs!

POLITIQUE • En aucun cas, la bataille politique ne doit se réduire à un choc d’écuries rivales. Non, elle doit être un combat de valeurs. Il faut, sous peine de mort politique, connaître à fond celles de son camp.

  • L’acquisition d’une connaissance approfondie de ses propres valeurs passe par des milliers de lectures. 123RF

    L’acquisition d’une connaissance approfondie de ses propres valeurs passe par des milliers de lectures. 123RF

La droite genevoise ne manque pas de figures. Mais il lui manque une dimension essentielle: une connaissance approfondie de ses propres valeurs. Cela passe par des milliers de lectures. Une passion pour l’Histoire politique. Celle des événements, notamment depuis la Révolution française, donc la naissance des grands partis. La volonté d’analyser les choses avec froideur, les causes et les conséquences, les vraies raisons des guerres, les rivalités économiques, bref la démarche que nous propose, il y a vingt-cinq siècles, l’immense historien athénien Thucydide, lorsqu’il nous raconte la Guerre du Péloponnèse, cette succession de conflits entre Cités grecques, les unes affiliées à Sparte, les autres à Athènes. Un livre austère à lire, mais d’une modernité saisissante.

Gare au renforcement des partis polarisés

D’abord, tout homme ou femme de droite doit connaître la diversité des origines. Le radicalisme, le libéralisme, la démocratie chrétienne, l’UDC agrarienne ou blocherienne, ça n’est pas la même chose. Les souches profondes, les racines philosophiques, confessionnelles souvent, sont différentes. Il importe absolument de connaître ces nuances. On ne peut décemment surgir dans un parti, faire table rase du passé, gommer la gauche et la droite avec mépris, sous prétexte que ces notions seraient révolues, ce que contredit absolument l’actuelle tension dialectique en matière de finances, de dette, de fiscalité, de mobilité, de sécurité, de défense nationale.

A vrai dire, jamais la tension gauche-droite, à Genève, n’a été aussi vive, depuis des décennies. Et je n’exclus pas que la multiplication des listes du marais, entendez ce centre qui veut faire moderne et se rit du passé, n’ait pour conséquence, par défaut de quorum, de renforcer, au soir du 2 avril, les partis polarisés.

Une droite patriote et populaire

En attendant les droites doivent se renseigner sur leurs propres valeurs. Et bien se rendre compte d’une chose: l’effet dévastateur d’un quart de siècle de néolibéralisme, principalement jusqu’en 2008, sur l’identité profonde de la droite. Il est fatal que la quête d’un profit trop facile, financièrement spéculé dans des officines, déraciné de l’économie réelle, mondialisé, méprisant les nations, ait pu à ce point s’imposer comme la seule image de la droite. La gauche avait beau jeu de la démonter, elle a eu parfaitement raison de le faire.

Il importe maintenant qu’une autre droite, patriote, mais aussi populaire, joyeuse, entreprenante, s’affirme à Genève. Son grand défi: construire, autour de sa diversité naturelle et historique, la puissance de frappe d’une unité.

Dans les grands moments, la gauche sait le faire, par exemple pour élire des conseillers aux Etats. Dans les mêmes moments, décisifs, la droite se déchire et se liquéfie. Je n’exclus pas, hélas, que nous en soyons à peu près là, aujourd’hui, pour des questions d’égo, de chapelles, de paroisses. Seul moyen de forger l’unité: mettre au centre les valeurs. Pour cela, il faut commencer par les connaître. Transmettre le néant, c’est rafraîchissant. Mais peu utile.