La télé et le frigo

RUSSIE • Face caméra, le regard froid, Vladimir Poutine annonce l’invasion de l’Ukraine au petit matin. Quelques instants plus tard, les villes ukrainiennes sont bombardées. Le maître du Kremlin fait ici usage de son arme favorite, l’une des plus efficaces: la télévision. Au sein des foyers russes, elle fait face au frigidaire dans une pièce rejouée inlassablement et titrée «La télé fait la guerre avec le frigo». Une expression populaire russe bien à propos qui souligne les efforts de la propagande poutinienne pour masquer une situation économique peu flatteuse. Plus la télé scande la grandeur de la Russie et de son leader, plus le frigo crie famine.

Bien sûr, cette guerre en Europe aura des conséquences économiques dans le monde entier. Le prix des matières premières, pétrole, gaz et blé en tête, ont pris l’ascenseur le jour-même de l’attaque. Mais la guerre, et l’inflation renforcée par cette dernière, vont coûter cher à la Russie elle-même selon le spécialiste Oxford Economics. En raison aussi de son isolement international et des sanctions.

Au-delà des mots et de la nostalgie d’un temps révolu, la réalité économique est particulièrement rude pour la Russie de Vladimir Poutine. Si le pays est bien un géant sur le plan géopolitique, il reste un nain économique. Son PIB ne représente que 1,75% de la richesse mondiale contre 25% pour les Etats-Unis et 17,4% pour la Chine. Jusqu’à présent, la télé a toujours gagné la guerre contre le frigo en Russie. Une machine bien rôdée. En sera-t-il de même demain?