Assurances: Les questions qui fâchent

PRIMES • Changer de caisse pour économiser quelques dizaines de francs? La démarche est tentante mais peut coûter cher. Et les comparatifs n'aident pas toujours à faire le bon choix.

  • Les sites comparatifs ne parlent pas de l'existence d'un plan d'assurance réservé aux étudiants et écoliers étrangers. Ils seraient 50'000 à en bénéficier.

    Les sites comparatifs ne parlent pas de l'existence d'un plan d'assurance réservé aux étudiants et écoliers étrangers. Ils seraient 50'000 à en bénéficier.

Les sites de comparaison entre les offres des différents assureurs ont plusieurs défauts. Le principal, est de ne tenir compte que du montant des primes. Il faudrait pourtant les pondérer en fonction de la modalité de remboursement des assureurs. Il faudrait aussi prendre en compte d'autres particularités, comme par exemple l'existence éventuelle d'un bonus permettant de récompenser les individus qui ne vont pas chez le médecin, ou très peu.Accessoirement, un comparatif devrait aussi signaler l'existence de niches de marché ou de statuts spéciaux. Là encore, rien n'est mentionné.

Tarif étudiant

Ces sites ne parlent pas non plus du dixième des personnes concernées en Suisse – elles seraient quelque 50'000 – qui connaissent l'existence d'un plan d'assurance réservé aux étudiants et écoliers étrangers. A 80 francs par mois jusqu'à l'âge de 30 ans, et seulement 100 francs de franchise annuelle, les conditions de la Student care, une émanation de la Chrétienne Sociale Suisse (CSS), sont pourtant imbattables. A Genève, le service de l'assurance-maladie – lorsqu'il rappelle aux étudiants fraîchement installés l'obligation qu'ils ont de s'assurer – joint à la lettre la liste des assurances et des primes applicables à tout un chacun, mais évite soigneusement de les informer de l'existence d'une offre les concernant quatre fois moins chère. Curieusement, la CSS elle-même ne fait guère de publicité autour de l'offre Student care. Il est vrai que l'inégalité de traitement est flagrante. D'autres assurés pourraient légitimement finir par se demander - si une assurance est rentable à ces primes-là - pourquoi ils ne pourraient pas eux aussi en profiter.

Primes pour frontaliers

Autre question susceptible de fâcher: comment est-il possible que les assurances puissent couvrir les frontaliers avec des primes aussi imbattables que 68 euros par mois pour une couverture basique destinée aux jeunes (25 ans). A soixante ans, c'est plus cher: 151 euros pour la base, mais toujours bien meilleur marché que la moins chère des primes LAMal. Pour arriver à des primes presque comparables, mais toujours à l'avantage des mutuelles françaises, il faudrait mentionner les couvertures les plus enveloppantes, celles qui couvrent les soins des deux côtés de la frontière, les complémentaires, les soins dentaires, etc. Faire le pas et s'installer de l'autre côté de la frontière peut aussi être le meilleur moyen de faire baisser ses primes.

Prescripteurs de soins sous pression

Certains assurés paieraient ainsi des primes nettement inférieures à la moyenne… Les défenseurs de la LAMal répondent aux attaques par l'universalité du système suisse, son côté non discriminatoire, genre «vous pouvez êtes gros, vieux et malades, vous serez remboursés quand même». Pourtant, à y regarder de plus près, l'argument est plus maigre qu'il y paraît. Les caisses ont en effet trouvé le moyen de faire pression sur les prescripteurs de soins. Et les médecins craignent désormais de devoir rembourser les traitements ordonnés si ceux-ci sont jugés «non économiques» par les assureurs. En d'autres termes, il y a des malades qui ne valent pas la peine d'être soignés, des vies de moindre valeur. On cite le cas de ce cancérologue genevois traîné devant les tribunaux par les assurances qui lui réclamaient un montant situé entre 300'000 et 500'000 francs pour des traitements jugés «inutiles». Il a finalement eu gain de cause, mais la pression des caisses a un caractère fortement dissuasif et un climat d'intimidation s'est instauré dont l'homme de la rue n'a guère idée. Si la restriction des soins est déjà une réalité, elle est à géométrie variable: certaines caisses multiplient les pressions alors que d'autres remboursent sans trop chipoter. Or, les premières sont souvent celles qui annoncent des primes stables ou en faible augmentation…