Chers vieux ou juteuses carcasses?

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RETRAITES • Un récent Temps Présent intitulé Nos très chers vieux s’interrogeait sur le coût des aînés. Qui peut s’offrir une retraite à 8700 francs par mois, le prix moyen d’un EMS en Suisse? Certainement pas la majorité des personnes au bénéfice de l’AVS!

Pas de solution sans l’aide de l’Etat, concluait en substance la RTS.

Le service public invitait quasiment les plus âgés parmi ses contributeurs à imiter leurs contemporains allemands, toujours plus nombreux à passer leurs vieux jours en Thaïlande. Un sympathique programme pour les amateurs d’exotisme mais un coup dans le dos du fisc, déjà confronté à l’exode des riches «inactifs».

Les vieux n’ont pas bonne presse et pour cause. En ces jours de krach financier larvé, les caisses de pension tracent de gros plans noirs, ou plutôt rouges, sur la comète et les jeunes générations s’inquiètent à juste titre. Symbolisée par l’AVS, la solidarité intergénérationnelle est-elle encore viable?

Pourtant, les «vieux» ne sont pas tous des candidats à la précarisation, tant s’en faut. La plupart entretiennent l’économie de consommation de la plus séduisante des manières. Sans être pour autant les clients obligés des EMS, ils contribuent à les enrichir et à offrir du travail à leurs employés. Ils nourrissent le tourisme et constituent la cible rêvée des charlatans de tous bords qui les harcèlent pour leur refiler de la camelote, avec la complicité, il faut le dire, des opérateurs téléphoniques.

Et les banquiers ne s’y trompent pas, qui les convoitent assidûment. Les «juteuses carcasses», comme les appelait Rosemonde Pujol, une glorieuse nonagénaire, dans un ouvrage publié en 2009, ne sont-elles pas quelque part les valeurs les plus sûres de l’économie?