Il faut se préparer au choc

EVASION FISCALE • C'était la moins mauvaise des solutions. Soit. De toute façon l'accord sur le différend fiscal avec les Etats-Unis a été paraphé et on ne connaîtra probablement jamais le véritable contenu de cette fameuse Lex USA que le Conseil Fédéral a voulu faire ratifier, sur sa seule bonne foi, par le Parlement au début de l'été. Dès lors, il est bien vain de se lamenter sur cette humiliante déconfiture. Par contre, il faut se préparer aux conséquences de ce Plan B. Des conséquences, même si elles sont encore difficiles à appréhender dans toute leur globalité, dont l'impact ne se résume pas aux montants exorbitants des amendes que le secteur bancaire va devoir régler.Les répercussions vont en effet bien au-delà des établissements «coupables» d'évasion fiscale. Sur les 312 établissements financiers recensés l'an dernier en Suisse, la moitié, voire les deux tiers, devront apporter la preuve de leur innocence par le biais d'audits détaillés. Des procédures longues, coûteuses, voire ruineuses, qui pourraient mettre au tapis des sociétés de petite taille et sans reproche, en amener d'autres à licencier ou à faire endosser ces charges supplémentaires à leurs débiteurs. Bref, c'est l'ensemble de l'économie suisse qui risque de devoir – encore! – payer les pots cassés des agissements peu scrupuleux de quelques instituts. Et pour longtemps, car le risque d'une contagion à l'Union européenne n'est pas exclu. Il se murmure d'ailleurs que le montant des avoirs européens non-déclarés détenus en Suisse serait nettement supérieur à l'estimation des 30 milliards de francs d'avoirs américains non-déclarés. A l'aune de cette punition collective, on se demande ce que pouvait bien être «la plus mauvaise des solutions»...