Insolente Hongrie

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TAXE INTERNET • Il n’y aura pas de taxe internet au pays des Magyars. Du moins pas pour l’instant. Le gouvernement a retiré le projet contesté par la rue et dans les rangs mêmes de la coalition au pouvoir. L’idée d’un tel impôt, même très modeste, n’était certainement pas heureuse à l’heure où la Hongrie, laboratoire de l’Europe, subit un véritable lynchage médiatique. Mais elle n’est pas totalement insensée. L’avenir dira si Budapest n’aura pas été finalement un précurseur dans une communauté d’Etats aux prises avec un endettement démesuré.

En soi, la proposition de taxer l’internet d’une manière ou d’une autre n’est pas nouvelle. La France de Sarkozy s’y était essayée en vain en 2008. Quant aux Etats-Unis, grands donneurs de leçon devant l’Eternel, ils ont dû s’y reprendre à plusieurs fois pour se convaincre qu’il convenait de bannir toute velléité d’imposition du trafic en ligne. Au nom de l’«American Dream», une loi a été promulguée dans ce sens, c’est dire si le sujet a hanté les nuits des fiscalistes de Washington. «Des millions d’Américains utilisent la toile pour gagner de l’argent, s’éduquer, rechercher de nouvelles opportunités, s’informer et écrire, communiquer avec la famille et les amis. Il faut les préserver de barrières mises à l’accès d’internet», s’est étranglé le sénateur républicain Bob Goodlatte lors du vote parlementaire, en juillet dernier.

Toucher aux intérêts des milliardaires Facebook, Amazon et Google, c’est donc attenter à la Statue de la Liberté. L’insolent gouvernement hongrois aurait dû le savoir. Il aurait dû prévoir que les jeunes personnes qui ont défilé pour la cause de la gratuité du web, brandissant leurs portables comme autant de torches dans la nuit automnale, seraient insensibles à la présence au milieu du cortège, bien en vue, d’un membre de l’ambassade américaine. «Big Brother» quand tu nous tiens.