La vérité que l'on nous cache

INSTABILITÉ • Connaissez-vous «l'effet papillon»? Sommairement, cela signifie qu'une infime variation d'un élément peut s'amplifier progressivement, jusqu'à provoquer des changements énormes au bout d'un certain temps. Ce facteur d'instabilité, qui sous-tend la théorie du chaos, est le même qui a poussé la Réserve Fédérale américaine à reporter, une fois encore, sa politique de réduction d'achats d'obligations – 85 milliards de dollars par mois. Car, au-delà du fait que la reprise économique américaine, comme nous l'avons déjà souligné, n'est pas aussi robuste qu'espérée, c'est l'équilibre économique et financier global qui est menacé. Ce qu'il faut bien comprendre, c'est que le système forme un tout, et que modifier l'un de ses éléments peut avoir des conséquences imprévues ou inattendues à un autre endroit. En ralentissant son programme de soutien à l'économie américaine, la Réserve Fédérale aurait aggravé encore une situation internationale mauvaise (reflux de capitaux, chute des monnaies émergentes, croissance européenne plus que fragile, etc.). En d'autres termes, la décision de la Fed n'était pas une surprise, quoi qu'en dise la plupart des commentateurs, mais un choix de raison. Ce d'autant plus que le problème de la dette américaine revient sur le tapis, le plafond actuel ayant été dépassé en mai dernier. Un défaut de paiement des Etats-Unis ou un blocage des discussions sur son relèvement auraient de lourdes conséquences sur la croissance économique et sur les marchés financiers. Sans oublier que l'Europe, qui a mis un bémol à sa politique d'austérité, devrait revenir à plus de rigueur dès le début de l'année prochaine. Bref, tant qu'il n'y aura pas de réel catalyseur pour sortir le monde de cette impasse, le retour à meilleure fortune est illusoire.