L’euro, le fait du Prince et les promis insoumis

  • Crédit: Images_of_Money

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MONNAIE UNIQUE • La saga de l’euro ressemble aux mariages arrangés de l’ère victorienne. La puissance paternelle s’exerce en vertu de la raison et non des sentiments des promis. Dernière venue dans le club depuis le 1er janvier 2014, la Lettonie ne s’affranchit pas de cette pratique. Ses habitants, dont le tiers sont russophones, auraient préféré garder le lats voire son prédécesseur le rouble. Mais le Prince en a décidé autrement. Plus avisés, ou plus démocrates, les Suédois et les Danois ont poliment déjoué les plans familiaux par la voie des urnes. Ils ont dit non à l’euro. Leurs partenaires européens auraient bien aimé avoir ce choix car aujourd’hui ils boudent tous ou presque la monnaie unique. Même les Allemands ne se montrent pas les moins critiques dans les sondages, alors qu’ils auraient les meilleures raisons de vivre la parfaite romance avec l’euro. Après tout, un euro fort, tel qu’il s’affiche actuellement, s’apparente au mark du miracle allemand de l’après-guerre. Mais avec la crise grecque qui les contraint à mettre la main au porte-monnaie, les Allemands subodorent le cocufiage.

La résistance n’est pas moins vive en Italie à qui l’on avait fait miroiter une reprise de l’économie lors du lancement de l’euro. La monnaie unique a peut-être aidé Fiat à racheter Chrysler mais l’économie de la péninsule est constituée d’abord de PME dont beaucoup vendent leurs produits en dehors de la zone euro. «L’Italie paie le prix le plus élevé à la course au super-euro», titrait récemment le quotidien romain la «Repubblica», relevant que l’euro s’était apprécié par rapport à toutes les monnaies du monde, déclassant la compétitivité des entreprises italiennes. L’Italie saisira-t-elle la première occasion pour répudier l’euro en 2014? La tentation est grande, encore faudra-t-il échapper à la vigilance du pater familias bruxellois.