Orwell et la BCGE

CYBER-ENJEUX • Rex Mundi, BCGE, Google, trois enseignes, un lien. Lequel? La première symbolise un pirate de données au profil indéfini qui a revendiqué différentes attaques sur internet au cours des derniers mois. Des sites de sociétés commerciales connues furent sa proie, la dernière en date ayant été – nous arrivons au deuxième acronyme – la Banque Cantonale de Genève. Rex Mundi a demandé 10’000 francs pour ne pas divulguer les données en ligne, mais la BCGE a refusé de céder au chantage.

Du coup le hacker ne s’est pas gêné de publier ces informations sur la toile, précisant qu’elles concernaient 30’000 adresses de courriel. Pas forcément l’état chiffré de comptes bancaires, ouf!, mais des directives de clients, du genre: «Je vous prie de fermer mon compte et de le transférer en France». Ou bien: «Tel virement à Singapour est bloqué, pourriez-vous m’en expliquer la cause?». Depuis la révélation de l’affaire, le 7 janvier dernier, la BCGE s’est fendue de deux communiqués. Dans le second, elle précise: «ces données ne représentent pas un risque financier particulier pour les clients et l’établissement». Pas sûr que tout le monde soit vraiment rassuré.

La relation avec Google? Orwell, tout simplement: le moteur de recherche appuierait les très secrètes négociations Tafta que mènent Washington et Bruxelles depuis deux ans. Un méga-accord de libre-échange en est l’enjeu, comprenant un volet crucial sur la protection des données.

Aux termes de cette Google Lex, le robot d’exploration américain pérenniserait son rôle de vestale du droit à l’oubli. En d’autres termes, il dicterait ses quatre volontés aux gouvernements réduits à la triste condition d’eunuques. Interpellé par le député vaudois Jean-Christophe Schwab, Berne affecte la préoccupation mais se tait, pour l’instant.