Retour de l’enfer

BANQUES CANTONALES • Les banques cantonales constituent une «réussite exemplaire». C’est le dernier communiqué de la BCGe qui l’affirme, commentant le placement réussi par ses soins d’un certificat sur les 13 banques cantonales suisses cotées. Les souscripteurs sont mis en confiance par le fait que «le bilan consolidé des banques cantonales n’a pas cessé de progresser depuis 2002, alors que les grandes banques internationales ont plutôt réduit la voilure». Leur performance boursière est «bien supérieure» à celle du marché suisse des actions et le rendement des dividendes a été «remarquable».

On est content pour les collectivités qui sont les principaux actionnaires des banques cantonales, mais au prix de quel retournement de situation! Au milieu des années nonante, peu d’économistes osaient miser un seul franc sur l’avenir de ces institutions. De fait, le krach immobilier et des lacunes de gouvernance avaient eu raison des banques cantonales de Soleure et d’Appenzell Rhodes-Extérieures, intégrées respectivement dans la SBS et l’UBS. La Banque Cantonale de Berne, elle, frôlait la faillite. Puis, en 2000, c’était au tour de la Banque Cantonale de Genève, la même qui fait cocorico aujourd’hui, et la Banque Cantonale vaudoise de connaître la descente aux enfers. La première ne devait son salut qu’à l’intervention du contribuable, près de 6000 francs par tête de pipe. On l’a déjà oublié, les investissements de l’Etat en ont pâti pendant une longue décennie.

Vingt ans après pourtant, force est de constater que l’avenir n’a pas donné raison aux pythies du trou noir. Après le sauvetage in extremis du monstre UBS, on se demande surtout ce qui resterait du système bancaire suisse si l’on avait suivi docilement les doctes pontes libéraux qui appelaient de leurs vœux une privatisation totale des banques cantonales.