Sika en mains françaises et … genevoises

RACHAT CONTROVERSE • En 2006, des rumeurs allaient bon train en France. Elles jugeaient mariables Lafarge et Saint-Gobain. Pour finir ces deux fleurons du secteur de la construction n’échangèrent pas des anneaux mais, huit ans plus tard, le hasard les voit retrouver malgré tout une certaine communauté de destin. A la chasse aux beaux partis, les voilà qui rivalisent de voracité en territoire helvétique. Qui disait l’économie française fragilisée? Saint-Gobain prend moins de gants que Lafarge, un cimentier qui a choisi la fusion avec Holcim au printemps dernier. Sa mainmise brutale sur Sika, n’augure rien de bon pour l’avenir de l’entreprise spécialisée dans la chimie de la construction dont le groupe français n’était jusque-là qu’un client. Un démantèlement de la firme zougoise est à redouter.

Il aura donc suffi d’un seul raid mené sur les parts des héritiers de l’empire Sika pour compromettre un patrimoine entretenu par trois générations d’industriels dépositaires des standards marqués du sceau de l’arbalète. Les investisseurs qui ont perdu 30% de leur mise boursière dans l’opération crient à la trahison. Quelle est la pratique qui permet un tel gâchis? La législation n’est pas vraiment en cause car si elle autorise un prédateur à contourner les copropriétaires susceptibles de bloquer la transaction, rien n’empêche une assemblée d’actionnaires d’abolir cette clause dite d’opting-out.

Les sociétés suisses seront-elles moins naïves à l’avenir? Dans l’affaire Sika, il convient malgré tout de relativiser la portée de l’abordage par le flibustier bleu blanc rouge selon que l’on se trouve à l’est ou à l’ouest de la Sarine. L’homme fort du clan Wendel qui contrôle Saint-Gobain n’est autre que l’ancien patron des patrons français, Ernest-Antoine Seillière, dont l’épouse appartient à une famille de banquiers… genevois.