Le stress post-traumatique, un mal sournois et méconnu

LIVRE • Victimes d’attentats, mais aussi d’accidents, de viols et autres agressions… Environ 5% de la population souffre, au cours de sa vie, d’un trouble de stress post-traumatique.

  • Docteur Daniel Dufour

    Docteur Daniel Dufour

Vous avez du mal à dormir, réveillé systématiquement par des cauchemars qui vous rappellent une situation traumatisante? Vous vivez avec l’impression d’une catastrophe imminente, même si rien de concret dans votre vie ne la laisse présager? Vous êtes irritable, déprimé et avez du mal à vous concentrer? Si ces symptômes durent depuis plusieurs mois, et si vous avez vécu un événement traumatisant dans le passé, alors peut-être souffrez-vous d’un trouble de stress post-traumatique (TSPT)!

Ce fut en tout cas le cas du docteur Daniel Dufour, un médecin genevois qui, dans un livre intitulé J’ai failli y laisser mon âme (voir encadré) raconte la descente aux enfers qu’il a vécue durant de longues années, après avoir œuvré comme chirurgien, puis comme coordonnateur médical sur les points les plus chauds de la planète. «Mais attention, explique un psychiatre genevois, un trouble de stress post-traumatique ne résulte pas forcément d’un traumatisme de grande ampleur du type attentats, auxquels on assiste malheureusement de nos jours. Il peut aussi s’agir d’un accident de voiture, d’un viol, d’une agression ou de tout événement qui est vécu par la personne de manière traumatique.»

Vétérans du Vietnam

Conceptualisé par les Américains confrontés aux pathologies vécues par les vétérans de retour de la guerre du Vietnam, le TSPT reste une maladie mal connue mais inscrite au DSM, le célèbre Manuel diagnostique des troubles mentaux américain qui fait office de référence chez les psychiatres. Ses principaux symptômes? Insomnies, cauchemars, anxiété et dépression donc, mais aussi flash-backs des situations traumatiques, et comportement inhabituel de la personne qui en souffre, qui peut même chercher à éviter toutes les situations qui lui rappellent le traumatisme vécu.

«Un trouble de stress post-traumatique doit toujours être pris en charge, conclut notre médecin. D’abord à chaud, pour essayer de débriefer la victime, mais aussi sur le long cours, avec s’il le faut des médicaments pour traiter l’insomnie et l’anxiété. Ensuite, nul ne sait exactement comment évolue la maladie sur le long terme. Certains malades en guérissent tandis que d’autres peuvent voir ressurgir les symptômes de longues années après.»