2014, l’an de grâce du sport suisse

TROPHEES • Comment un si petit pays a-t-il pu récolter autant d’honneurs en douze mois? Peu importe, profitons de tous ces cadeaux à redécouvrir sous le sapin, la bulle et le cœur légers.

  • En 2014, le sport helvétique a remporté le jackpot. DR

    En 2014, le sport helvétique a remporté le jackpot. DR

Réserve, humilité, tempérance naturelle voire froideur congénitale...

Et si, puisque c’est bientôt Noël, on piétinait nos valeurs ancestrales pour pousser un tonitruant «Coucouricoucou», hurlement de joie et de fierté, variante à la sauce helvétique du célèbre «Cocorico» hexagonal? Pavoiser, fanfaronner n’est peut-être pas suisse. Mais franchement, si on ne s’emballe pas là, on n’y arrivera jamais.

Une belle moisson

Oui, il y a de quoi se vanter en feuilletant, au pied du sapin qui clignote, l’album-souvenirs d’un cru 2014 historique pour le sport national. Les cloches, pendant longtemps, c’était nous. Désormais, elles résonnent aux exploits de nos héros. De Stan Wawrinka, qui entama l’année en fanfare à l’Open d’Australie, à Lara Gut qui vient de fêter sa première victoire de la saison – on en attend d’autres –, les motifs de s’enflammer et de sortir le roteux du congèl’ n’ont pas manqué.

Divines surprises

Bien sûr, il y a ce triomphe inédit

en Coupe Davis, merveilleuse cerise de novembre; mais il ne faudrait surtout pas oublier le gâteau qui va dessous. Car le Saladier d’argent vient s’ajouter, dans la vitrine des grandes joies, à une ribambelle de trophées, médailles et autres honneurs insignes glanés par de valeureux Confédérés aux quatre coins du monde. Donc champagne. Après l’explosion de «Stan the Man» à Melbourne, il y eut donc la moisson olympique de Sotchi – 11 breloques en tout, dont 6 en or. Une récolte due à la fois aux valeurs sûres (double titre pour Dario Cologna), aux divines surprises (l’or de Dominique Gisin en descente) ou à des ressources collectives insoupçonnées (l’équipe de Suisse féminine de hockey en bronze). Le tableau paraissait déjà joli, ne restait plus qu’à élargir le cadre et, comme on dit, lâcher les chevaux.

La relève est là

A propos de hippisme, Pius Schwizer, vainqueur du Grand Prix de Zurich, a donné la mesure dès janvier, bientôt suivi par ses compères Paul Estermann (lauréat à Saint-Gall), Steve Guerdat (Helsinki) ou encore le jeune Martin Fuchs (Paris). La Suisse qui gagne en selle, on a l’habitude, surtout depuis que Fabian Cancellara existe – Spartacus, roi des Classiques cyclistes, a remporté le 6 avril un nouveau Tour des Flandres. Le Bernois de 33 ans va bientôt raccrocher? Pas grave, la relève est assurée grâce à Stefan Küng, jeune Saint-Gallois devenu vice-champion du monde de poursuite individuelle fin février à Cali.

Roger Federer, qui possède encore quelques miracles dans sa raquette, va bientôt nous laisser orphelin lui aussi? L’adolescente Belinda Bencic, élue «révélation de l’année» grâce à son quart de finale à l’US Open, pourrait très vite apporter son lot de bonheurs compensatoires.

La hotte est pleine

Les footballeurs ont failli nous en offrir un immense, ne lâchant prise qu’à la 118e minute d’un 8e de finale de Coupe du monde à couper le souffle contre l’Argentine. Mais le coup de bambou une fois passé, il faut rappeler que ce petit pays, absent de toute compétition majeure entre 1966 et 1994, traverse un âge d’or dans le sport roi. Juste avant ça, la Valaisanne Fanny Clavien et la Zurichoise Nicola Spirig devenaient championnes d’Europe, respectivement en karaté et en triathlon. Juste après, Kariem Hussein, un pharaon de chez nous, décrochait lui aussi le titre continental sur 400 mètres haies – premier triomphe de cette ampleur en athlétisme depuis celui d’André Bucher sur 800 mètres en 2002.

Sur le toit du monde

Et Clint Capela qui rejoint Thabo Sefolosha en NBA, eldorado du basket mondial. Giulia Steingruber championne d’Europe en gymnastique, Marcel Fässler vainqueur des 24 Heures du Mans, les Suissesses sur le toit du monde en curling... N’en jetez plus, la hotte est pleine. Et à l’heure de la déverser sous le sapin, c’est bon. Tellement qu’on en pousse, sans réserve ni humilité, un vibrant «Coucouricoucou».