Vaincre sa peur de l'eau

ENSEIGNEMENT • L'arrivée des beaux jours rime avec pratique de sports nautiques. Pas évident, lorsqu'on souffre d'aquaphobie. Conseils d'un spécialiste.

  • Arriver à nager sereinement, le but de beaucoup de personnes qui souffrent d'aquaphobie.

    Arriver à nager sereinement, le but de beaucoup de personnes qui souffrent d'aquaphobie.

Sara souffre d'aquaphobie. Un mot savant pour expliquer sa peur de l'eau. «Je n'ai jamais osé le dire, j'ai toujours trouvé des prétextes pour ne jamais mettre un pied dans le lac ou la mer, des milieux qui m'étaient totalement hostiles.» Mais la quadragénaire a voulu y remédier. Elle s'est décidée à dépasser cette «immense trouille» avec un maître-nageur. «J'étais effrayée, mais à force de patience, il m'a d'abord appris à me détendre au bord de la piscine.»

Dire et comprendre

En effet, le premier maître-mot, c'est la détente. Mais pas seulement, comme l'explique Jean Lagier, entraîneur et responsable technique à Natation sportive Genève. «Une phobie est liée à une peur, notamment de l'inconnu du milieu où l'on se trouve. Il faut donc se réapproprier cet inconnu.» Pour le formateur, cela passe au préalable par la communication. «Connaître l'histoire de la personne, son passé, est essentiel. En général, il y a eu des accidents, lors de vacances au bord de la mer ou près d'une piscine. La personne s'est retrouvée dans une situation périlleuse et en garde un très mauvais souvenir.» Résultat: rejet de l'élément traumatisant. En l'occurrence: l'eau. D'où l'importance de la discussion pour comprendre tous les tenants et aboutissants de cette peur bleue.

User de patience

Second temps, et non des moindres: la patience. «Inutile de se montrer pressé pour obtenir très vite des résultats, explique Jean Lagier. Pour entrer en contact avec l'eau, nous privilégions d'abord une visite des lieux, de l'ensemble des installations et puis de la piscine.» L'approche de l'eau se fait de manière très progressive. «Nous mettons en situation la personne dans de bonnes conditions intimes: eau chaude, petit bassin et entourage calme, ajoute le formateur. Si les gens alentours crient, courent, que la piscine est immense, les chances de faire disparaître la peur sont réduites.» La notion de plaisir est également importante. «En effet, nous n'allons pas tout de suite proposer à la personne de s'immerger, confie l'entraîneur. Très progressivement,ce sera juste les pieds, sur une marche d'escaliers dans un petit bassin puis chaque partie du corps. Nous faisons en sorte que la personne assume chacun de ses actes sans aucune contrainte. Nous faisons découvrir les propriétés de l'eau qui est une composante essentielle de notre corps.» Pour Sara, cet accompagnement a été salvateur. «Vous ne vous rendez pas compte comment je me sens aujourd'hui, avoue-t-elle. Un, je me sens enfin comme tout le monde. Et deux, je découvre et profite, enfin, des innombrables joies de l'eau.»

Côté pratique:

SJ • Les bonnes adresses de Jean Lagier, entraîneur à Natation sportive Genève, entraîneur cantonal et de l'équipe nationale junior, entraîneur de Swann Oberson, championne du monde du 5000 mètres en eaux libres:– Association genevoise de Natation (AGN) laquelle regroupe l'ensemble des clubs de natation du canton http://www.agn.ch/– Ecole de l'eau: http://www.ecoledeleau.ch/– Association Swimsports, Interassociation des fédérations et institutions suisses intéressées par les sports aquatiques: www.swimsports.ch– Natation sportive Genève: l'école dans laquelle il œuvre: http://www.natation-nsg.com/spip/Jean Lagier recommande également de lire la thèse de Denis Terrapon sur les peurs liées à l'eau qu'il «valide totalement», Université de Genève, Faculté de Médecine.