L’ANNÉE DU COURAGE

Je nous souhaite à tous une année du courage. Nous en aurons besoin. Pas seulement parce que la situation économique, stratégique, est difficile. Non. C’est un défi bien plus important que nous devons relever: celui de la force morale.

Le mot «morale», sous ma plume, n’est jamais là pour évoquer les affaires de mœurs, ni le bien, ni le mal, ni les doctes leçons sur ce qui est convenable. Ce domaine-là ne m’intéresse pas. Ce que j’appelle «force morale», c’est notre capacité, chacun de nous, à défendre nos valeurs, sans nous laisser endoctriner par des directeurs de conscience.

Nous voulons la protection de l’environnement, mais n’avons nul besoin des menaces d’apocalypse des Verts. Nous voulons la justice sociale, mais nous nous passons fort bien de l’aile morale du PS, d’ailleurs beaucoup plus centrée sur des questions «de société», touchant des minorités, que sur l’emploi des jeunes, la qualité de la formation, la dignité des personnes âgées. Le «sociétal», hérité de Mai 68, tue le combat social. La gauche, un jour, le paiera. Au prix fort.

Nous voulons la qualité de la langue. Nous rejetons la niaiserie inclusive, ces stupides points médians qui encombrent la fluidité. Nous voulons l’exigence de culture. Nous voulons la connaissance historique, dans sa totalité complexe et contradictoire, la parole à tous, y compris aux maudits. Nous voulons la liberté de chaque conscience. Nous tiendrons. Nous irons jusqu’au bout. Les moralistes de gauche n’auront pas le dernier mot.