LARMES

Un samedi comme n’importe quel jour dans un EMS genevois. Je vais déjeuner avec mon beau-père. Dans la cafétéria, entrent, sortent et courent des infirmiers, aide-infirmiers et autres… Un panneau occultant est installé, une pensionnaire vient de tomber. Lourdement. Gravement. Tout le monde s’active autour de cette dame, dans un état préoccupant. Il faut remonter les autres résidents à l’étage pour les faire manger – il est un peu plus de midi et tout le monde attend impatiemment de se sustenter. Et puis, dans tout ce brouhaha, il y a trois infirmiers, une femme et deux hommes. Des professionnels, rompus à des situations similaires. Les larmes montent, irrépressibles, incontrôlables. Ils continuent à courir: appareil à oxygène, pansements, appel de l’ambulance, etc. Soudain, je me demande qui est là pour eux, pour elles. Alors, je prends l’infirmière dans mes bras. Quelques secondes d’humain à humain. Juste être là. Pas le temps de me remercier – je n’en ai pas besoin – que la course folle contre la mort reprend. Mais à leurs yeux, j’ai compris que c’était tout ce dont ils avaient besoin: de la compassion.

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