Salon de l’auto: sauvetage ou exécution?

Après les retentissantes annulations des éditions 2020 et 2021 à cause de la crise sanitaire, Palexpo veut organiser un événement inédit réservé aux professionnels. Mauvaise idée, critiquent d’importants acteurs du marché. Explications.

  • Le Geneva International Motor Show sera-t-il de nouveau une fête de l’automobile en 2022? 123RF/KATERYNA POLINSHUK

    Le Geneva International Motor Show sera-t-il de nouveau une fête de l’automobile en 2022? 123RF/KATERYNA POLINSHUK

La majorité des marques automobiles présentes à Genève ont clairement fait savoir qu’elles ne désiraient pas d’un salon en 2021. Trop de risques, à cause de la crise sanitaire. En quoi elles semblent bien avoir eu raison: comment engager des millions sans certitude que le salon ait bien lieu? Selon Claude Membrez, son directeur, quand une foire, quelle que soit sa nature, n’a pas lieu une année, il est pratiquement certain que la date est perdue pour l’avenir.

Trois jours en mars

Raison pour laquelle Palexpo a imaginé un événement inédit de trois jours à peu près aux mêmes dates, en mars. Réservé aux professionnels et aux journalistes, il serait l’occasion de présenter les nouveautés. Palexpo fournirait des stands, des podiums pour dévoiler de nouveaux modèles lors de conférences de presse d’une demi-heure. La presse et les invités des marques automobiles seraient le seul public.

Selon Claude Membrez, cette formule a le mérite de correspondre au développement durable puisque cela limite les transports et les grosses infrastructures d’un salon. De plus, la retransmission intégrale en streaming combine les avantages de la présence de la presse et de la diffusion, permettant, en cas de crise sanitaire, de se contenter du monde virtuel. A ce jour, l’accueil a été «plutôt positif», relève le directeur de Palexpo, mais aucune marque ne s’est inscrite.

Selon François Launaz, président d’auto-suisse (qui représente les importateurs), un événement sans public et sans que les importateurs ne soient impliqués n’a guère de sens. Du côté des sièges des principaux acteurs du marché, ce projet ne propose rien de plus que ce qu’ils font déjà depuis chez eux. Avec la crise, ils ont appris à utiliser au mieux le streaming et les contacts virtuels. Pourquoi devraient-ils se déplacer à Genève pour faire pareil? Présenter un nouveau modèle ne concerne pas seulement un salon ou un événement, il s’agit d’un concept général qui comprend le timing, la publicité, les relations publiques. Le danger avec ce que Palexpo imagine est que le message soit compris comme le remplacement pur et simple du Geneva International Motor Show par un rendez-vous professionnel minimaliste.

Le désaccord entre la Fondation du salon de l’auto et Palexpo, toujours vif, ne va pas arranger les choses. La menace d’une disparition pure et simple du plus grand événement de Suisse n’est plus irréelle.