Le beurre et l’argent du beurre

VOTATIONS • L’initiative «No Billag», qui propose l’abolition de la redevance pour la radio et la télévision, fait couler beaucoup d’encre, c’est le moins que l’on puisse dire.

L’initiative sur laquelle le peuple suisse devra se prononcer, le 4 mars, propose qu’on supprime purement et simplement la taxe obligatoire de 451 francs que toute personne ou entreprise est tenue de payer annuellement. Je suis personnellement dans l’expectative face à cette votation, car, d’une part, la taxe est beaucoup trop chère et, d’autre part, elle est arbitraire pour beaucoup de personnes qui ne regardent tout simplement pas la télévision ni n’écoutent la radio. A Berne, on nous promet une réduction pour 2019 (nouvelle taxe à 365 fr.), tant mieux! Encore faut-il que les promesses soient tenues.

Moi, ce n’est pas le prix qui me gêne dans la taxe Billag, c’est qu’elle permet à la Société suisse de radiodiffusion et télévision (SSR) d’obtenir le beurre et l’argent du beurre, voire plus si entente avec la crémière… Aujourd’hui, nos télévisions et radios nationales vivent des sommes faramineuses que rapporte la taxe – plus de 1,2 milliard de francs –, mais en plus elles concurrencent les médias privés en vendant de la publicité pour près de 250 millions par année. Donc, le beurre issu de la taxe et l’argent du beurre provenant des revenus de la pub.

Et cette publicité n’est souvent pas vendue au juste prix en respectant les tarifs. Il est notoirement connu, dans les milieux publicitaires, que Publisuisse/Admeira, la régie mandatée pour récolter la publicité pour la SSR, brade ses tarifs et offre énormément de gratuité à ses clients. Chez eux, le «free space» est roi. Ce qui représente une concurrence déloyale vis-à-vis des médias traditionnels privés qui, eux, se battent à armes inégales pour survivre.

Et le pire dans cette affaire, c’est le récent regroupement Admeira, qui a vu le jour au début de l’année 2016, entre Ringier, Swisscom et PubliSuisse. Une association entre le privé et l’Etat qui a enfanté un mastodonte de la publicité. Un quasi-monopole, qui ne laissera que des miettes aux autres acteurs de la branche.

En conclusion: un NON ferme à l’initiative «No Billag» si auparavant l’Etat rétablit un juste équilibre entre le privé et l’Etat. Ou alors, carrément OUI si la SSR continue à vouloir bouffer à tous les râteliers.