2013-2018: le Parlement sera roi!

ÉLECTIONS • Avec un Parlement tripolaire, c'est une législature passionnante qui s'annonce. Le gouvernement devra arriver avec des projets précis, affinés, ciblés. Le Grand Conseil, plus que jamais, fera la différence. Qui s'en plaindra: en saine démocratie, il représente le peuple. Et défend ses intérêts.

  • Pour les septs du Gouvernement, il s'agira plus que jamais de faire de la politique.

    Pour les septs du Gouvernement, il s'agira plus que jamais de faire de la politique.

Cinq semaines entre deux scrutins. Le dimanche 6 octobre, c'était l'élection parlementaire, avec la montée en force du MCG, l'effondrement des Verts, les sept sièges perdus par le PLR, au final une politique genevoise désormais en trois blocs: la gauche, l'Entente, la coalition MCG-UDC. Assurément, ce fut le grand signal, l'événement de l'automne, la nouvelle donne pour cinq ans. Non que l'élection du Conseil d'Etat, le 10 novembre, soit dénuée d'intérêt. Mais franchement, tout Genève résonne encore du fracas du 6 octobre. L'événement majeur n'est pas devant, il est derrière. Il nous occupe encore, nous travaille, est loin d'être digéré. En comparaison de cela, le choix de personnes pour le gouvernement est certes intéressant, mais ne constitue pas l'acte principal de la pièce.

Logique tripolaire

Ils sont onze candidats pour sept sièges, il y aura donc sept vainqueurs et quatre vaincus, nous verrons bien. Cinq candidats d'Entente (Pierre Maudet, François Longchamp, Isabel Rochat, Serge Dal Busco, Luc Barthassat), trois de la gauche (Anne Emery-Torracinta, Thierry Apothéloz, Antonio Hodgers), trois de la «Nouvelle Force» (Céline Amaudruz, Mauro Poggia, Eric Stauffer). Qui sera élu? Je n'en ai strictement aucune idée, et franchement dit, cela ne m'intéresse que moyennement. Ce qui compte, c'est comment le futur septuor pourra composer avec ce nouveau Parlement diablement intéressant, véritablement nouveau, dans une logique tripolaire. Avec une ductilité digne des très riches heures de la Quatrième République française (1946-1958), où l'Assemblée est reine, les majorités polymorphes, inattendues, surprenantes. Pour les observateurs de la vie politique, ce seront cinq années passionnantes.

Faire de la politique

Un Parlement divisé en trois tiers. Point n'est besoin de sortir de l'EPFL pour comprendre la délicieuse trigonométrie qui nous attend pendant cinq ans: sur les enjeux financiers, budgétaires, sécuritaires, ou encore sur la mobilité, l'Entente et la Nouvelle Force se rejoindront. Sur le social, la gauche pourra faire un bout de chemin avec le MCG. Ce dernier, comme au Municipal de la Ville, mettra tout en œuvre pour être le parti charnière, celui dont tout dépend, celui qui tricote et défait les majorités. Un rôle qu'adorait tenir, jusqu'ici, le PDC. Face à cette Assemblée aussi multiforme qu'imprévisible, les sept du Gouvernement auront sacrément intérêt à préparer leurs projets, les affiner, les cibler en fonction des regroupements parlementaires possibles: il va s'agir, plus que jamais, de faire de la politique.

«La population a besoin d'un Parlement très fort. Pour la défendre»

Défendre la population

Quant au Parlement, il devra, plus qu'il ne l'a jamais fait depuis des décennies, affirmer son autorité, son indépendance, sa vocation de contrôle des actes du gouvernement et de l'administration. En démocratie, depuis Montesquieu, les pouvoirs sont séparés, il s'agira de le montrer très for! Face à qui? Face à un Conseil d'Etat dont certains sortants, MM. Longchamp et Maudet, avec l'appui de nouveaux, comme Serge Dal Busco, vont tenter d'entreprendre toutes choses pour noyauter, régenter, mettre à leur botte. Oui, la population a besoin d'un Parlement très fort. Pour la défendre. Et pour rappeler aux ministres qu'ils sont à son service, pas le contraire.