Après le Valais et Neuchâtel, au tour de Genève?

SUISSE ROMANDE • 2013 sera-t-elle l'année de l'émergence de l'homme nouveau? Celui qui, contre vents et marées, s'est battu dans l'opposition, pour un jour, enfin, être reconnu par le peuple? Cet homme nouveau – ou cette femme nouvelle – Genève lui donnera-t-il une fois sa chance?

  • Oskar Freisinger et Yvant Perrin ont longtemps été considérés comme des parias.

    Oskar Freisinger et Yvant Perrin ont longtemps été considérés comme des parias.

  • Oskar Freisinger et Yvant Perrin ont longtemps été considérés comme des parias.

    Oskar Freisinger et Yvant Perrin ont longtemps été considérés comme des parias.

Oskar Freysinger, Yvan Perrin. Pendant des années, ces deux-là, en Suisse romande, étaient considérés par les notables en place comme de purs parias. Des excessifs. Des extrémistes. Des hommes hors du champ du convenable. Il fallait bien les tolérer dans l'espace politique, puisqu'ils avaient été élus et réélus par leurs populations respectives au Conseil national, mais il était hors de question qu'ils parvinssent jamais à des pouvoirs exécutifs. Ces cénacles-là étant réservés, comme les loges d'opéra, aux partis anciens, «responsables», «gouvernementaux». Ce printemps 2013, faute de nous apporter la chaleur, marquera pourtant la mémoire politique suisse: la percée de «ces gens-là» dans les gouvernements cantonaux. En mars, le Valais. En mai, Neuchâtel. Et en novembre, à Genève, quid?

REJET
A Genève aussi, les notables commettent l'immense erreur, depuis des années, de rejeter dans les marges et de traiter avec mépris certains partis auxquels une masse croissante de la population accorde sa confiance. Au lieu de les combattre sur leurs idées, on les stigmatise. L'UDC, pour vouloir, par le jeu démocratique et rien d'autre, un contrôle plus important des flux migratoires, serait xénophobe, voire raciste. Le MCG, pour prôner la préférence cantonale à l'embauche, le serait également. On a beau garder la tête froide, rappeler que xénophobie et racisme n'ont rien à voir avec cela, qu'ils impliquent un rejet identitaire et théorisé de l'autre, une échelle de valeurs entre communautés humaines, rien n'y fait: on s'est dit, une fois pour toutes, que ces partis étaient racistes et xénophobes, on répète en boucle ces mots-là, on se gargarise – en ce domaine comme en d'autres – de ce suffixe «phobe», qui permet si facilement de rejeter l'adversaire, l'étiqueter, l'envoyer aux orties, sans trop avoir à argumenter sur le fond. (lire Coup de griffe ci-contre)

MAJORITÉ
Au final, quoi? Au final, Freysinger au pouvoir en Valais, Perrin à Neuchâtel. Sans la moindre marche sur Rome, ni le moindre Rubicon franchi, sans bruit ni fureur, juste la volonté majoritaire du peuple souverain. Aucune urne n'a été bourrée, aucune dépense excessive d'argent par rapport aux autres partis (bien au contraire!), non, juste la démocratie en marche. Cet homme nouveau – ou cette femme – qui a dû, comme Oskar ou comme Perrin, assumer des années de solitude, de quolibets, traverser des forêts d'inimitiés, de rejets, de mises à l'écart par les notables, les bienpensants, l'immense majorité des éditorialistes, les humoristes d'Etat, cet homme ou cette femme existent-ils à Genève? Etre passé par le rite initiatique de l'opprobre pour, un beau dimanche, être enfin reconnu par le peuple?

RIEN N'EST JOUÉ
La réponse nous appartient. Le peuple genevois continuera-t-il cet automne d'envoyer à l'exécutif les listes bétonnées de l'Entente, ou osera-t-il le pari sur une personnalité, de gauche ou de droite d'ailleurs, allez disons un Stauffer ou un Pagani, plus en rupture avec les codes du convenable? La question est ouverte. Rien n'est joué. Réponse dans moins de six mois. D'ici là, c'est une formidable campagne qui nous attend. Suivez-la, avec nous.