Benoît XVI: Salut et Reconnaissance

  • Le pape Benoït XVI.

    Le pape Benoït XVI.

Aucune religion en Suisse, ni le judaïsme, ni l'Islam, ni les différentes communautés protestantes, ne tolérerait l'océan de boue et d'immondices qui a déferlé sur les réseaux sociaux à l'occasion de la démission de Benoît XVI. Sur cet homme remarquable, brillant intellectuel et d'une rare douceur, l'immense majorité des gens disent tout et n'importe quoi, croient savoir, décrètent, vilipendent. Braqués contre lui dès le début, parce qu'il représente un courant conservateur (encore faudrait-il définir ce mot, dans l'ordre du spirituel), ils lui crachent le fiel à la moindre de ses interventions, n'écoutent rien de ce qu'il dit, ne lisent jamais ses livres.Mais lui, aura pris date. Lui, si patient, si discret, homme de livres et d'Ecriture, timide et réservé, pourrait bien être reconnu par la postérité comme autre chose qu'un pape de transition. Contrairement à son éblouissant prédécesseur, acteur, communicateur, charismatique à n'en plus pouvoir, Joseph Ratzinger aura été, comme Pie X, un pape de l'intérieur. Accordant l'absolue priorité, non au show, mais à la quête infatigable d'une définition critique et éclairante des Écritures. Oui, en cela, malgré la tiare et la mitre, malgré la crosse et la chasuble, il a des choses en commun, puissantes, avec certains des plus grands esprits du protestantisme. La passion des textes.Je parle ici comme catholique, c'est vrai. Je ne sache pas encore, à moins de tarder, que cette étiquette relève du Code pénal. Je dis que cet homme aura été exactement, après la sublimation pastorale de Jean-Paul II, le pape de la précision et de la définition. Il n'y a strictement nulle honte, pour une communauté spirituelle, à délimiter au plus près les contours de ce qu'elle est. Lisez ses livres : vous verrez que Ratzinger ne le fait jamais par le dogme, toujours pas l'argumentation, la relativisation temporelle et philosophique. Il est le contraire même d'un fondamentaliste. Catholique, simple fidèle de base, je veux lui dire ici ma reconnaissance pour ses huit années à la tête de l'Eglise.